#103 Martinique on arrive !!Traversée avec une mer un petit peu mouvementée- #tourdumondeenvoilier
✍️115 milles en vingt-quatre heures ! Comment pourrait-on nommer la nuit que nous venons de passer, sans être vulgaire ? Je vous laisse choisir. Entre les grains Harry Potter, vicieux et pernicieux qui se façonnent en un claquement de doigt, les rafales à 32 nœuds, le temps pourri, le courant contraire, vous avez le choix des synonymes : énervante, déplaisante, irritante mais je suis tentée d’utiliser, merdique ! Bon j’avoue, ça manque de délicatesse, mais franchement, le mot n’est pas hyperbolique ! Dans une mer croisée, on passe du nord-est au sud-est de 3 nœuds à 8 nœuds, toutes les conditions sont réunies pour dégouter de la navigation ! Alors pour évacuer sa lassitude, mon capitaine compose. Il chante ! Il en a marre, marre de se trainer dans ce brouillon d’océan et d’algues, marre d’entendre les voiles asséner de coups la mature, marre de devoir user des moteurs pour avancer ! C’est dans ces moments là que l’on aimerait savoir interpréter au mieux les éléments. Éclaircir le côté obscur et ambigu de ce comportement cabalistique. On se surprend alors à rêvasser à la lueur atmosphérique à des mouillages placides et surplombés du moirage d’un superbe arc en ciel, avec nos voiles en ciseaux, nous arrivons presque à faire abstraction des nuisances…
Les 25 nœuds de vent constant ont balayé les nuages, le ciel s’en retrouve éclatant de bleuté. Voiles réduites, Blacky fait de son mieux pour passer les vagues qui le font tressauter de douleur, du moins c’est l’effet que ça nous fait. Cette maltraitance est cruelle. Il faut subir ! Pourtant, nous avons un challenge, écumer 162 milles en vingt-quatre heures pour arriver en Martinique de jour. Et pour ça, quand l’ondulation retrouve un semblant de douceur, mon capitaine sait qu’il peut compter sur sa voile préférée… L’instinct du marin est affuté, au moindre signe, tout est à reconsidérer. Un grain arrive ! 30 nœuds, la pluie frappe, Black Lion pique des pointes à 13,7 nœuds, heureusement que tout a été réduit !
Quel talent de poésie ! Ne dit-on pas, après la pluie, le beau temps ? La chasse est ouverte, les fous, libres, dans leurs ardeurs, plongent sur leur repas. Les exocets, vifs, essaient de fuir, chacun à sa chance, c’est la loi de la nature ! Nous passons Sainte Lucie à 11 nœuds, la navigation est éprouvante…Le rêve des Antilles, il se trouve sur les plages et dans les mouillages, pour les navigations, c’est une autre histoire !
Comme des petits saumons, nous revenons aux sources, celles de notre rencontre avec l’Amour de ma vie. Le soleil vient d’être aspiré derrière l’horizon, des centaines de mâts vacillent dans la baie, nous sommes à Sainte Anne….
