3 jours de cabotage en République dominicaine, El Valle - Sosua - Luperon « Black Lion 143 »
#143 République dominicaine, direction Luperon…
Après 10 jours de Nord-est, le Sud-est annoncé devrait nous ramener du beau temps et nous offrir une allure agréable sur une partie de notre progression le long de la côte Dominicaine. L’idée de mon capitaine est de naviguer seulement de jour, en cabotant d’abris en abris pour les nuits, ce qui nous évitera bien des ennuis avec les nasses et filets indétectables dans le noir. Direction donc, notre premier refuge à 23 milles, El Valley. Un ris, houle de face ! Incontestablement, le changement de trajectoire du vent, contrarie sérieusement la régularité d’oscillation qu’avait acquis l’océan durant la renverse exceptionnelle de l’alizé. Le roulis saccadé m’indispose. Chaque secousse entraine mon estomac dans des mouvements poussant à l’écœurement, mais je me concentre, je prends l’air, me couvre et mange un bout. Le plus efficace, ce sont les baleines qui de leur présence, me distraient et me font oublier mes nausées ! Mais le pire est à venir, la sortie de Samana, puis le Cabo Carbon. Même Cyril se fait surprendre ! Il ne s’attendait pas à une mer si détestable. Faut-il mettre en cause la force du vent, le changement de marée ou encore le ressac ? Dans tous les cas, connaitre le fondement ne changera pas grand-chose ! Cette navigation est exécrable, un point c’est tout !
45º bâbord, les cahots s’estompent, Black Lion s’apaise, le portant nous enjôle ! Pour autant, nous devons rester prudents, des vents catabatiques débouchent des vallées. Blacky accélère, l’écume jaillit. Sur un plan d’eau maintenant, quasiment plat, nous arrivons…Les branches de cocotiers se balancent, la luminosité baisse, demain nous levons l’ancre pour 80 milles.
Les fantaisies de l’océan me surprendront toujours ! Hier, capricieux et imprévisible, aujourd’hui, langoureux et excusable ! Trois quart arrière, voiles en ciseaux, entre 6 et 7 nœuds, cap 320º, à cette allure nous aurons mouillé avant la nuit. Dans le courant, les pêcheurs trainent leurs palangres. Le vent diminue, tourne sud, se cherche et nous oblige à manœuvrer. Indolemment, le soleil au ponant, notre lion compose, se dresse, dévale, court, glisse. Il nous reste que 26 milles à faire avant Luperon. Ce soir nous dormons dans 18 mètres de fond à Sossua.
Les protections le long de la côte ne sont pas nombreuses, le prochain arrêt sera le dernier. Au plus nord, dans la région de Puerto Plata. La différence d’une journée à l’autre est exceptionnelle. Ce matin, la mer est d’un calme exemplaire. Un bateau de croisière nous appelle par VHF, nous demande nos intentions. Lui, se dirige vers la ville. Nos routes vont se croiser, il faut nous dérouter.
Le passage étroit qui mène à la baie de Luperon est bien balisé. De chaque côté les rives du bras de mer et, caché, ceint dans la mangrove, le mouillage qui loge déjà plus d’une trentaine de bateaux. Pas facile dans ces conditions pour se trouver une place ! Le fond vaseux dérape, le rayon d’évitage est court et les bouées d’amarrage, ne semblent pas toutes en bonne état !
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