#88 Black Lion en Transat Sud [...]
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Owner: CATAMARAN BLACK LION

#88 Black Lion en Transat Sud partie 5, quelque part entre Ste Hélène et Brésil

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Location: Océan Atlantique Sud
Latitude: -33.72000000
Longitude: -16.00000000
Published: 21 May 2021

#88 Transat partie 5

31 mars, enfin les dauphins ! Nous les croyions disparus de cet Atlantique sud ! Nous ont-ils écholocalisés de loin ? Ils arrivent d’on ne sait où, peut-être attirés par l’écho renvoyé par notre lion et c’est comme si, ils savaient, comme si, ils ressentaient, comme si, ils étaient saisis du même enthousiasme que nous ! Devant l’espièglerie de ces compagnons de route, Blacky attise la cadence, il se prend au jeu, leur emboite le pas, c’est une course-poursuite effrénée ! C’est à celui qui aura le plus d’endurance, l’entrainement est remarquable, la synchronicité est digne de danseuses d’opéra, reste que l’enveloppe de nos cicérones semble troublée d’un mal. Leurs corps fuselés laissent paraitre d’étranges blessures, plutôt des sortes d’ulcères qui nous questionnent sur leurs origines. Marqués de la sorte, nous n’arrivons pas à définir leur appartenance à une espèce, peut être des dauphins communs mais sans certitude. En fin de matinée, nous en sommes à 126 milles, 13º41'699 sud ; 13º06'973 ouest. Nous vaquons à nos occupations sans vraiment nous soucier du jour de notre arrivée, ce qui aurait pu nous impatienter c’est la mauvaise tournure qu’aurait pu prendre la pustule qui s’est implantée dans mon dos juste avant le départ et qui commençait sérieusement à s’infecter, mais par chance, j’ai un capitaine multitâche, aussi doué pour manœuvrer son bateau que pour soigner sa petite femme ! (Pour les détails de guérison, je vous les épargne par écris, mon scénariste s’étant fait un malin plaisir de filmer l’extraction de ce germe nuisible !).
Embarrassé par les énormes cumulus qui ont fini par s’agglutiner à notre vent, mon skipper hésite pour la nuit. Quelles voiles seront les mieux adaptées à ces conditions ambiguës ? Il se décide pour la grand-voile prise de deux ris et le Solent qui tiendront sans aucun soucis toute la nuit…
Réveillé par des coups de rappel dans la mature, Cyril m’appelle pour affaler la grand-voile, l’aurore se lève et dans cette semi-éclaircie, une ombre furtive au-dessus de l’eau nous alerte, une autre vient de nous frôler ! Nous n’arrivons pas à discerner ce que c’est, malgré l’absence de pêcheurs dans la zone, nous pensons de suite à un filet dérivant, c’est notre hantise, nous filons immédiatement à l’avant, puis à l’arrière, mais plus rien. Avons-nous été pris d’une hallucination commune ? Le jour est maintenant plus affirmé, nous scrutons au plus loin que nous pouvons mais, à part les vagues, certaine plus prononcées que d’autres, nous ne voyons aucun objet, jusqu’à ce que tout à coup, la voix confuse de mon capitaine m’alerte … Sur notre tribord la forme que nous pensions avoir vu réapparait, nous arrivons à peine à y croire, d’abord à un mètre au-dessus de l’eau, elle s’élève à presque trois mètres ! Une deuxième se manifeste, et c’est un festival ! Nous en avons tout autour de Black Lion, ce sont bien des orques ! Nous sommes excités comme des puces ! Le plus colossal avec son aileron plus haut que nos francs bords s’approche de nous, impressionnant de puissance. Il est si prêt maintenant que nous pouvons voir distinctement son œil qui nous regarde ! Nous en rêvions depuis 15 ans … Mais si seulement, si seulement mon imagination ne me jouait pas des tours, tout ça doit être dut à notre folie des longues traversées, à moins que… à moins qu’un poisson d’avril soit passé par là…
Bon tout ça ne nous fait pas avancer bien vite, 124 milles avec pourtant 15 nœuds de vent, nous nous trainons, 13º00’00 sud ; 15º05'285 ouest. Qu’importe, nous voguons emportant nos esprits à suivre le mouvement de l’onde, parlant de la vie, du bonheur, de l’Amour…
2 avril, 126 milles, 12º22'550 sud ; 17º06'987 ouest. Le vent est maintenant constant et les manœuvres sont de plus en plus rares. Le semblant de routine qui s’empare de notre vie à bord n’étant pas dans nos habitudes, le jour estimé d’arrivée sur le traceur à tendance à nous démoraliser, pourtant nous sommes dans notre élément, nous appréhendons même le retour à la civilisation, c’est un je ne sais quoi de mollesse impatiente dut à un manque d’imprévus ! Quand je dis « imprévus », je sous entends bien évidement pas les avaries ou le mauvais temps, juste l’inattendu qui nous émerveille à chaque manifestation. En atermoiement, nous prenons plaisir à savourer, chaque soir, la métamorphose du ciel et de la mer. Quand leur uniformité de la journée se voit bouleversée au déclin de l’astre, absorbés, nous ne manquons pas de relever tous les détails ! Ceux qui s’apparentent à cet atlantique voûte, n’ont aucune similitude avec les particularités qui rendent les coucher de soleil d’Afrique si exceptionnels ! Ici, l’éther est si pur et les tons si mesurés, qu’ils se déclinent dans des couleurs plus pastelles de gris-rose lumineux, en flamboyant d’or, le bleu de l’océan.


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