#89 Black Lion en Transat Sud [...]
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Owner: CATAMARAN BLACK LION

#89 Black Lion en Transat Sud Partie 6 Nous y sommes presque!

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Location: Océan Atlantique Sud
Latitude: -33.72000000
Longitude: -16.00000000
Published: 28 May 2021

#89 Transat partie 6

Nous avons mal dormi, peut-être la chaleur en est-elle la cause ! La température a bien augmenté de 15º C depuis la Namibie. Et puis, il arrive parfois que la nuit éveille des craintes, aucune qui n’est une raison d’être, juste une sorte d’anxiété sur d’éventuelles éventualités ! Mon capitaine m’a avoué être gagné, lui aussi, de temps à autres, par cet égarement nocturne ! Ça ne dure jamais longtemps, la modération nous revoyant vite à nos songes … Nous avons ajusté nos horloges, avec cette heure en moins nous sommes rendus à onze heures locale à 11º37'116 sud ; 19º23'400 ouest, soit 141,9 milles depuis hier, la moitié entre Sainte Helene et Jacaré, il nous reste 931 milles à parcourir…
4 avril, encouragé par ses deux triangles porteurs, Black Lion, endurant, fait défiler sous sa carène l’abyssal bleu, perçant de clarté. Obstiné, il veut tenir le rythme, 141,3 milles à 10º48'560 sud ; 21º35'508 ouest, une moyenne de 6 nœuds avec une pointe à 11,6 ! Nous entamons notre neuvième journée depuis Sainte Helene, au total, dix-huit sans toucher terre, toutes ces heures en dissociement total avec les activités humaines renforcent notre union avec la nature, nous font essayer de la comprendre, de l’interpréter et de donner un sens à ses manifestations. De cette communion née les théories de mon capitaine et ce soir, une d’elle vient de la diminution du vent quand le soleil atteint l’horizon, d’après lui, le phénomène est thermique car il avait déjà remarqué sous les longitudes plus froides, l’effet inverse, ce qui pourrait coïncider, mais ceci n’est qu’un avis hypothétique.
Connaissez-vous le mode « avion » en bateau ? Une attitude toute nouvelle de mon tchoupi ! Cache sur les yeux, casque sur les oreilles, le parfait petit équipement du voyageur aérien ! Avec cet accoutrement mon Amour a dormi comme un bébé, chose qu’il n’aurait certainement pas faite, s’il s’était rendu compte plus tôt que notre radar n’émettait plus d’alarme ! Nous nous en sommes aperçus à l’approche d’un cargo au comportement très étrange. Arrivant à toutes allures dans notre direction, sans AIS, à seulement un mille de nous, le mastodonte s’est mis à diminuer significativement sa vitesse, s’est adapté à la nôtre pendant au moins dix minutes puis, est repartie dans sa marche folle ! Nous n’avons pas vraiment compris sa démarche, mais au moins, grâce à lui, le son strident de notre veilleur a pu être remis en fonctionnement.
Nous faisons passer le temps sur le bimini en jouant au backgammon, nous faisant une raison sur la perte de notre avancement journalier. D’un autre côté, la décroissance n’est pas si grande, même pas dix milles de différence avec hier, 133,8 milles à la position 09º59'857 sud ; 23º39'448 ouest. Flegmatiquement, à 5 nœuds, je suis en train sans grande surprise de perdre au jeu de hasard raisonné auquel nous nous attachons à matcher le « world Atlantique tour » avec le plus grand des sérieux, quand un vrombissement écumeux dirige en une fraction de seconde nos regards dans sa direction ! Là, je suis obligé de faire une parenthèse à mon récit, pour confirmer avec toute mon honnêteté et la parole de mon capitaine qui, quand elle est déclarée « parole d’homme » comme c’est le cas, laisse aucun doute à l’exactitude du témoignage que je vais essayer de vous retracer le plus fidèlement possible. En fait, pour cela, j’aimerai pouvoir dupliquer l’image qui restera à jamais empreint dans ma tête et celle de mon capitaine ! Tout ça s’est passé si vite, juste quelques secondes, mais quelles secondes, l’inattendu dont je vous parlais il y a quelques jours s’est manifesté, juste là, devant nous, à moins de vingt centimètres de la jupe tribord de Blacky. Notre rêve imaginait, que nous aurions voulu vrai à l’occasion du premier avril venait de se réaliser ! Remontant des abîmes, dans la transparence de l’indigo océanique, nous avions sous nos yeux stupéfiés le sujet de toutes nos attentes ! L’énorme tête d’un épaulard nous faisait grâce de son apparition dans toute sa beauté. En semblant vouloir nous examiner de près, nous pouvions figer à jamais cette scène si invraisemblable. Comme poli d’un cirage lustrant, son puissant corps tout de noir et de blanc vêtu, d’un coup disparu avant de nous avoir exposé sa nageoire élancée ! La vision fût tellement furtive que le souffle et la silhouettes d’une deuxième dorsale, déjà dans notre sillage on finit de nous convaincre de ce que nous venions de voir ! Les corps fébriles, les yeux brillants d’émotion, nous venions d’être ébranlés par un rêve réalisé !
Force est de constaté qu’après quatre mois dans des régions plutôt fraiches et quasiment un mois en mer, notre ligne en a pris un coup, là je ne parle pas de notre ligne de flottaison bien sûre, quoi que ! Et si pour mon Tchoupi, ses petits bourrelets d’amour ne me déplaisent pas, ceux..


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