Cette nuit, nous avons cru tout perdre, échouage dans la violence d’un orage aux Bahamas !
✍️Le ciel ne trompe pas ! Hier, lui et ses subordonnés nous avaient alertés. Ils ne nous sont pas tombés dessus en traitres ! Tous les signes étaient bien clairs. La moiteur de l’air, la couverture nuageuse sombre et épaisse, les grondements au loin. Nous allions devoir subir les caprices de la météo, mais nous étions prévenus et en marins raisonnables, nous avions anticipé en nous mettant à l’abris. Tout aurait très bien pu se passer. Bien accrochés dans un mètre cinquante de fond, nous avions juste à laisser passer le grain et nous recoucher. Parce que, bien évidemment, allez savoir pourquoi, les grains, c’est de nuit qu’ils préfèrent sévir ! Bien que les éclairs illuminaient le ciel et les éclats de la foudre retentissaient alentours, nous nous sentions en sécurité pour passer une bonne nuit. Enfin du moins mon Cyril, parce que moi, je crois bien que je me suis levée toutes les heures pour vérifier notre rayon d’évitage ! L’instinct aide-t-il à devancer les ennuis ? Je veux y croire. Que ce serait-il passé si à 4 heures du matin, mon capitaine n’avait pas eu le réflexe de sauter du lit ? Complètement nu, sans réellement avoir pris le temps d’évaluer la situation, il était déjà dans l’action d’un sauvetage ! La renverse de vent avait fait tourner Black Lion de 180º. Nous nous retrouvions à l’avant de tous les bateaux, avec le risque de toucher l’un d’eux ! Nous devions urgemment relever l’ancre pour nous éloigner de tous dangers. Trempés de la tête aux pieds, le scénario avait déjà tous les ingrédients de cette situation que l’on n’a pas envie d’affronter. Et pourtant, ce n’était que le début ! Notre grappin libéré, nous pouvions nous écarter. Facile à dire et à faire quand tout veut bien se dérouler dans ce sens ! Sauf que là, juste à ce moment-là, la pluie a commencé à se déchainer et le vent à s’affoler ! Il devenait pressant de nous fixer de nouveau. Arriver à nous situer dans ce noir total, sans lampe, car bien entendu, nous ne l’avons pas rechargé ! Et le traceur qui ne veut plus rien savoir, la pluie le dérègle. Le Ipad aussi est complètement hors d’utilisation, recouvert d’eau, il est impossible de zoomer pour nous positionner sur la carte ! Seuls les lumières vives et soudaines causées par la foudre nous aident à nous repérer. Nous sommes dans la tourmente ! La terre est proche ! Le sondeur délire ! On a l’impression de nous être éloignés des bateaux, mais notre lion n’est plus dans le bon axe. Le vent arrive par l’arrière. Il nous pousse violement vers le rivage déchainé. Les vagues se forment en déferlant. L’houaiche écumeuse semble sourdre de la poupe, et Blacky se fige ! Nous venons de nous échouer ! Le bruit est insensé. Le déluge envahi notre maison. Cyril m’appelle, me regarde avec ses yeux endoloris : « nous sommes en train de perdre notre bateau », notre fidèle, notre vie ! L’espoir, il faut garder l’espoir, se sortir de cette passe infernale et invraisemblable. Marche arrière toute. « On croit en toi notre Blacky, ne nous déçoit pas, s’il te plait, sort nous de ce mauvais pas ». J’ai réussi à sécher la tablette. Sur la carte, notre lion semble bouger, ça y est, il bouge ! Nous sommes dégagés ! On s’éloigne. Là, faut jeter l’ancre, maintenant ! Go, go, go ! Elle est coincée ! Il faut fermer le hublot du carré par où est sortie la télécommande du guideau. L’eau ruisselle sur toute l’électricité ! C’est mon capitaine qui va devoir faire descendre la chaine pendant que je décoince l’ancre !
Il est un peu plus de 5 heures, nous sommes rincés, vidés, épuisés. Black lion est bien cramponné, les éléments se sont calmés. Notre lion à bien résisté …
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