Immersion au paradis marquisien : une nature généreuse, un partage humain spontané et naturel.
#213 ✍️Anaho abrite le seul platier corallien des Marquises. Quand on y est, on se sent privilégié, car pour avoir la chance de séjourner ici, il faut y venir à pied ou en bateau. Nous avons été renseignés sur la technique de pêche locale du heke, plus communément connu sous le nom de pieuvre. Comme ça, le procédé n’a pas l’air si compliqué ! Une lance ou un hameçon relié à une longue tige, de la patience et surtout une bonne dextérité. Il faut se tenir prêt au moment de la marée descendante et plus que tout, bien ouvrir ses yeux pour espérer repérer les petites bêtes, maitres en camouflage et en mimétisme. Leur peau dotée de cellules chromatophores, leur permet de se calquer à leur environnement avec une ingéniosité déconcertante. Et c’est précisément cette condition, qui fait de la pêche aux poulpes, un art ! Celle au harpon, pour les poissons, dans la région, demande aussi une adresse proche de la perfection. D’une parce que seuls les locaux savent quels poissons ne sont pas atteint de ciguatera et de deux, parce que l’on ne plonge pas aux Marquises comme l’on plonge ailleurs. Et pour ça, mon capitaine va être bien accompagné. Nous avons rencontré Roger dans sa vallée. Il cultive ses fruits et ses légumes et comme il n’a pas de bateau, l’occasion est toute trouvée pour une initiation. D’après les descriptions que m’a fait mon Tchoupi du phénomène en action, je me demande si les ouïs des poissons qu’il ingurgite après chaque chasse, ne lui attribuent pas des aptitudes d’Aquaman ! Le chasseur, bien motivé à remonter sa proie, plonge en apnée dans le tombant, se tient à l’agachon, sélectionne son butin, fait mouche du premier coup et remonte à vitesse grand V pour éviter les requins marteaux qui rodent dans les parages !
Ne croyez cependant pas, dans ce paradis où tout n’est que profusion, qu’il n’y ait pas un prix à payer ! La nature n’a pas oublié dans sa bonté, les petits insectes prêts à tout pour perturber notre quotidien. En number one, je nomme, les nonos et plus particulièrement les nonos blancs des plages ! Ah vous ne connaissez pas ? Bien vous en soit fait ! Ces petites bestioles sont un enfer ! Bien plus petits qu’un moustique, ces hématophages presque invisible à l’œil, viennent sournoisement vous sucer votre sang sans que vous vous en rendiez compte. Pour vous donner une idée de leur férocité, on peut compter jusqu’à 1000 piqures par homme et par heure ! Ce n’est qu’un ou deux jours après que l’horreur apparait ! Des pustules par centaines apparaissent sur le corps, accompagnées de démangeaisons insoutenables ! En deuxième viennent les guêpes, tellement déterminées à troubler notre quiétude, qu’elles viennent virevolter jusqu’au bout de notre nez. Et enfin, les moucherons, certainement attirés par les fruits et la lumière, s’invitent le soir à bord et finissent collés sur le pont de Blacky avec la rosée !
Plus au nord de Nuku Hiva, dominée par d’impressionnants pitons de basalte se trouve la baie de Hatiheu, du village du même nom. Avant d’y arriver notre vision est stimulée par les détails de la roche façonnée avec le temps. Un rhinocéros semble avoir pris procession de la falaise !
Les sites archéologiques sont tellement nombreux aux Marquises qu’en touchant les pierres et en fermant les yeux, l’imaginaire s’enflamme : Hikokua à quelques mètres en amont du bord de mer, est un ancien lieu de festivité et de sacrifices humains. Il fait aujourd’hui coexister entre la verdure et les cocotiers, sculptures anciennes et œuvres récentes. Il daterait de 1250 et aurait été utilisé jusqu’au siècle dernier. Là, s’organisaient les danses traditionnelles, les rituels et les cérémonies. Des rochers plats servaient de podium, des plates-formes en bloc de basalte faisaient office de gradins et des statues de pierre semblent avoir figées des scènes du passé !
Ce soir, le ciel est magnifiquement étoilé. Une légère brise de terre glisse jusqu’à nous. Elle a emporté avec elle des effluves sucrés de fleurs et de monoï… Que j’aime ce pays !
La vallée suivante abrite la baie de Pua, fleur en Marquisien. Un havre de paix où les animaux ont de quoi se nourrir. Nous y avons rencontré, Marina, Germain et leur petite famille. Le lien est immédiat, sans chichi, sans faux semblant. Une relation simple et généreuse comme nous les aimons. Ils nous accueillent sur leurs terres féconde avec une gentillesse extrême en nous gâtant de kilos de fruits. Puis, c’est la côte ouest et le mouillage d’Hakaui ! Grandiose ! Envoutant ! Comme nous l’avons laissé il y a 8 ans.
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