Imprévu ! 7 jours pour réparer les safrans en urgence « Black Lion 117 »
#117
Il va falloir panser les bobos en prenant bien soin avant, de démonter tout ce qui doit l’être. Tout débute par les bagues de safran qui doivent être ajustées et la timonerie qu’il faut réadapter. Nous avons trouvé un tourneur qui peut s’occuper des modifications que Cyril veut y apporter. Après, hormis nos gouvernails, le reste est de l’entretien. Remplacement de l’huile des sails drive, nettoyage de la coque ou encore dérouillage de la nacelle. C’est une imperfection de Black lion ! Figurez-vous qu’il nous fait des tâches de rousseurs ! Rien de grave en soit, juste des centaines de points de rouille qui apparaissent hors flottaison depuis toujours. La cause, un solvant sous-couche mal adapté à la peinture.
10 septembre, notre lion pose au milieu de chantier Peake. Tout s’est passé très vite ! En fait je ne comprends pas bien. Je me retrouve là, habillée en bonhomme Lustucru, sans ma moitié, allongée sur un lit d’hôpital, un cathéter dans la main gauche ! Plus tôt dans la matinée, motivée avec mon capitaine à trouver toutes les pièces nécessaires à Black Lion pour son carénage, nous glanions les shipchandlers, quand un appel téléphonique nous a complètement bouleversés ! C’était le chantier. Nous devions rappeler d’urgence le médecin que j’étais allée voir deux jours plus tôt pour connaitre la cause de ma grande fatigue, de mes douleurs dans la jambe gauche et de mes palpitations persistantes depuis plus d’un mois. Le genre de coup de fil vraiment pas rassurant et franchement angoissant ! Nous devions cette frayeur, à mon taux d’hémoglobines extrêmement faible, 6 au lieu de 12. Je devais me faire transfuser d’urgence ! Et me voici, là, au milieu des brancards et des médecins à essayer de comprendre en anglais, mon problème, pendant que mon tendre Amour se retrouve seul, sans moyen de me contacter, l’angoisse au ventre. Tiraillé d’inquiétude, il ne lui restait plus qu’à s’acharner au travail pour se changer les idées et c’est ce qu’il a fait. Son idée, remettre au plus vite Blacky à l’eau et pour ça, il n’avait d’autre choix que de s’attaquer au plus vite à la réparation du safran. Son entreprise réfléchie, il a d’abord commencé par découper des carrés dans la pelle pour atteindre les fourches qui s’assemblent à la mèche de safran. De là, il a fait ressouder les pièces, et s’est afféré à nettoyer et combler les ouvertures de mousse expansive.
Pendant ce temps, je ruminais sur mon lit d’hôpital ! Mon souci semblait dater de quelques mois, un trouble continu d’un complexe vasculaire mal placé laissant échapper mon fluide corporel. Résultat, anémie et oxygénation diminuée ! Jusqu’à là, me dis-je, rien d’alarmant. Une petite injection et je m’imaginais retourner au bateau le soir même. Belle déduction que je me voyais mettre en application, sauf que manque de bol, les petites varices sanguines de mon popotin n’ont pas du tout vu la suite de la même façon ! Est-ce l’introduction du sang que mon corps n’a pas bien accepté, la médication antihémorragique, ou les deux, n’empêche qu’en moins de deux heures, je me retrouvais complètement avachie, avec des douleurs atroces et une dose de morphine pour calmer tout ça ! Conséquence, une thrombose avérée, deux poches de sang, une poche de fer, quatre jours d’hospitalisation sans voir mon Tchoupi, cause au Covid, et un délestage de deux mille cinq cent euros !
Entre temps, mon doux et tendre, sans y avoir été préparé, se retrouvé contraint de se faire à manger et surtout submergé ! Ce qui ne l’a pas empêché d’abattre un boulot de dingue. À mon retour, après quatorze étapes techniques, les safrans étaient refaits à neuf, mais mon état de santé n’était guère enthousiasmant !
En nous rappelant qu’en ayant souscrit à une carte Visa Premier, nous étions assurés en cas de soucis de santé à l’étranger, nous nous retrouvions sur recommandation du médecin Europe Assistance, complètement désemparés ! Je devais absolument me refaire transfuser.
S’engage alors les procédures. Sachez cependant, chose que nous ne savions pas, certainement parce qu’on ne lit pas assez assidument les contrats, qu’avant même le moindre soin, l’assurance doit être prévenue. « Coup de chance », elle sera conciliante sur ce point. Mais la situation se complique, les médecins sur Trinidad sont formels, il n’y a plus de sang pour moi ici et ceux de Paris ne veulent pas que je retourne en Martinique par voie maritime, soulevant le risque d’un malaise ou d’une perte de connaissance en pleine mer. Je dois être évasanée en avion. Et les avions à destination des départements français, avec la pandémie, il n’y en a pas !
Nous sommes perdus, mais on nous rassure, nous assure que tout va bien se passer et que nous sommes pris en charge. Je prépare à la va-vite un sac. Cyril se tient prêt à agir. Nous patientons… Et à minuit, le portable sonne. ... (suite du récit dans les commentaires)