Que s’est-il donc passé sur l’île oubliée d’Haïti ? l’île aux orphelins, l’ile à vache. Ep 1/2
#192 ✍️L’arrivée a été intense ! Notre ancre n’était encore pas enfouie dans le sable, que déjà, les pirogues en bois de manguier et les kayaks, transportaient depuis la plage, leurs occupants jusqu’à nous. La baie à Feret est large, protégeant de sa forme fer à cheval des vents à dominance sud. Bordée du village de Kay-Kok, l’anse a tous les atouts pour nous séduire. À la faveur de nos années de voyage, c’est exactement comme cela que nous l’imaginions et je crois que l’expérience de notre baroudage, va nous être d’un grand concours pour appréhender et vivre cette escale hors du commun sans frustration d’incompréhension.
Je m’explique : par ignorance comportementale, on peut, en certains lieux, être surpris par la conduite des locaux, pouvant être interprétée, quand on n’y est pas préparé, comme une agression ! Mais essayez de vous mettre à la place des autochtones, et imaginez, comment notre attitude à nous, est perçut. Les débuts de notre aventure en bateau, nous ont amené en 2010, au Vanuatu, puis en Papouasie. Nous n’avions alors, aucunes idées de ce qui nous attendait sur place et encore moins de l’attitude que nous devions adopter envers la population. Nous avions ainsi, abordé ces contrées, en laissant s’exprimer nos ressentis, sans vraiment savoir quelle était la bonne conduite à adopter, ou du moins quelles erreurs étaient à ne pas commettre pour ne pas se laisser envahir. Un apprentissage, sans conteste, extrêmement enrichissant qui nous a enseigné de grandes valeurs, dont celle du troc. Le principe est simple, offrir et recevoir, plutôt que vendre et acheter, et surtout dans des lieux défavorisés, échanger plutôt que donner ! Il y a, en cela, une idéologie que j’affectionne particulièrement basée sur la confiance de l’autre, l’entraide et surtout, dans ces lieux dénués, le respect de la dignité.
Ainsi, nous accostons les Ile-à-vachois, avec en tête notre formation passée et la priorité de notre mission : apporter à l’orphelinat de sœur Flora, les dons que nous avons récolté à Saint-Martin.
De villages isolés, en villes fréquentées, de localités authentiques, en zones touristiques, nous avons découvert avec tristesse qu’inévitablement, lorsque le tourisme est présent, l’argent prend le dessus sur les relations humaines. Malheureusement, il semble que chacun y trouve son compte. Les vacanciers, qui par manque de temps préfèrerons payer pour en voir et en faire le maximum et les locaux, qui par soucis économique, on autre chose à faire que créer des liens ! Mais en grand voyage, l’approche est tout autre, et quand on passe après le visiteur « aux dollars faciles », le choc peut-être affligent ! Pris pour des portefeuilles embuant, il devient tout naturel de venir réclamer à l’étranger, les dollars tant convoités ! Sauf que voilà, nous ne sommes pas des vacanciers, mais des voyageurs et cela change considérablement la donne. Nous ne pouvons distribuer à tout va, de l’argent aux uns et aux autres ! Et même si nous avions les moyens, nous ne le ferions pas de cette façon. Nous fixons alors, nos règles dès le départ pour assurer des relations saines et sans équivoques.
Sur cette base, tout redevient évident et les rapports sans malentendus permettent de vrais échanges. Le dialogue s’installe, les témoignages de chacun sont sans filtre. Nous apprenons sur les-dites règles locales, par exemple : il est d’usage, quand un bateau arrive à l’ile à vache, que le premier sur les lieux, soit celui qui est la priorité de s’en occuper, mais tout ça n’est qu’officieux. Chacun, et c’est normal, essai de tirer parti de l’opportunité qui se présente. Tous ont des rêves d’enfant et de l’espoir dans les yeux !
De l’espérance, une femme en a apporté ici, sur cette ile oubliée. C’est sœur Flora Blanchette. Ici, tout le monde la connait et pour cause. Cette religieuse québécoise a consacré sa vie à soigner des enfants handicapés, à recueillir des orphelins, à scolariser des enfants et à dispenser une formation aux jeunes filles.
Nous venons d’arriver avec Vildo et le capitaine de l’embarcation motorisée à Madame-Bernard, le village principal de l’ile. C’est Vildo, un des plus ancien de Kay-Kok, qui nous a tout organisé jusqu’ici. Aujourd’hui est jour de marché. La place publique est pleine, en majorité des femmes. Certaines font leurs achats, d’autres vendent leurs productions. Nous sommes les seuls étrangers. Un âne nous passe à côté. Avec les petites motos chi-noises, ce sont les uniques moyens de locomotion de l’île.
En haut de la petite côte, non loin de l’embarcadère, sous les arbres, se situe l’orphelinat de Saint-François d’assise. Juste en face, de l’autre côté du sentier, se trouve l’école. Elle aussi est une œuvre de la sainte femme de ces lieux. Les besoins de l’établissement sont de première nécessité : de la nourriture et des médicaments pour subvenir à la soixantaine de pensionnaires....