#100 Les îles du Salut, Guyane dernier épisode
#100 les îles du Salut
✍️La route est tracée, il n’y a que 30 milles pour rejoindre les îles du Salut. L’hydrogénérateur, avec sa nouvelle pièce made in Tchoupi est à poste. La marée est basse, la sortie jusqu’au chenal, délicate. Black lion reprend l’air marin sous un beau ciel légèrement voilé, les voiles s’aèrent et avant même qu’elles se défroissent, les îles du Triangle, comme elles ont été nommées par les premiers habitants, sont à vue ! Des cocotiers, de l’eau presque claire, nous sommes mouillés devant l’ile Royale, la plus grande des trois. Si le lieu fut salutaire pour les survivants de l’expédition française qui avait atterrit à Kourou en 1765 et qu’il est paradisiaque aujourd’hui, il a été un des pires endroits de détention ! Les incarcérations furent nombreuses, on envoyé ici, les condamnés aux travaux forcés, les récidivistes et les détenus politiques. La vie était rude, un médecin de Cayenne décrivait ces bagnes Guyanais comme des charniers où s’alliaient, syphilis, tuberculose et parasites tropicaux pour faire fondre les effectifs ! Henri Charrière rendu célèbre par son ouvrage Papillon, relata les conditions difficiles. Les prisonniers n’avaient guère le choix que de subir et en pénétrant dans leur cellule de 13 mètres cubes, on imagine l’horreur qu’on dut endurer tous ces forçats ! En mémoire d’eux, l’église, le phare, les murs sont restés, certains écroulés, et au milieu de ces ruines, lézards, capucins et agoutis coexistent. Si l’histoire n’était pas contée, on ne pourrait croire qu’un tel champ de poésie a pu faire vivre autant d’enfer ! Des paons, des fleurs, des couleurs tropicales, des vagues qui brisent la roche et entre les iles, du courant, beaucoup de courant, c’est aussi pour ça qu’une des trois porte le nom, d’ile du Diable ! Depuis celle-ci, il était quasi impossible de s’évader ou l’on finissait soit emporté par l’océan déchainé, soit dans la gueule d’un requin ! Aujourd’hui, les requins, nous en n’avons pas vu, mais pour ce qui est du courant, il est toujours bien présent, si bien que nous classons le mouillage dans les number one des plus rouleurs ! Privilège de la liberté en bateau, il suffit de relever l’ancre pour aller en trouver un meilleur…
Départ imminent, prochaine escale, Kourou à moins de 10 milles. 3 nœuds font dériver Blacky qui avance en crabe dans l’eau boueuse de la rivière. On ne peut venir à Kourou sans penser, fusée, et même si le passé de cette petite ville remonte à des milliers d’années avant l’arrivée des Européens, c’est Ariane la vedette !
Comment gérer les disputes en bateau ? En voilà une question qu’elle est bonne ! Eh bien, je dirais comme en maison, sauf que c’est en bateau ! Sur Blacky, c’est rare, mais ça arrive et c’est arrivé pas plus tard qu’avant-hier. Deux jours que mon chef de bord est fâché et vraiment fâché ! La cause, mon opposition à son autorité de capitaine. Car il faut savoir qu’un capitaine a toujours raison, si un subalterne a raison, se référer à la première vérité, on ne contredit pas le capitaine et c’est justement ce que j’ai fait ! Je me suis objectée à une navigation vers les Antilles avant que Jonathan et Claire aient touché la Tanzanie. En navigation dans l’Indien depuis plus de 15 jours, je voulais qu’ils puissent nous joindre à tout moment jusqu’à leur arrivée et sans abonnement Iridium, mon désarroi était total. Résultat, une coque pour chacun et pour éviter de nous croiser, on s’occupe ! Du coup, la maintenance avance ! Vidange des deux moteurs et fabrication d’un support sondeur pour mon factotum et ménage intégral de Black Lion pour moi.
La tension redescend, la date de départ est fixée. Nous profitons une dernières fois de l’envol des ibis rouge. Merci la Guyane ….
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