#67 Black Lion en transit à Mossel Bay attend sa nouvelle fenêtre météo. 31 Décembre 2020.
✍️3 février 1488, voilà plus d’un an que les deux caravelles au commandement de Bartolomeu Diaz sont parties de Lisbonne dans le but d’étudier la possibilité d’une route maritime vers les Indes. Mais les conditions sont difficiles, la mer est mauvaise, et l’expédition vient d’essuyer une violente tempête. Le point le plus sud de l’Afrique est dépassé, la côte n’est plus à vue et la flotte de Diaz se voit errer durant treize longs jours avant d’enfin trouver refuge. Bartolomeu vient d’accoster en terre Khoïkhoï, terre qui baptisa en y faisant ériger une croix, Aguada de São Brás, la baie de Saint Blaise. Et c’est qu’en 1601 que le navigateur néerlandais Paulus Van Caerden renomma le lieu Mossel Bay en raison de l’abondance de moules dans la baie !
Imaginez ! Dire que nous sommes peut-être au même point d’ancrage que ces grands navigateurs ! Ils seraient certainement bien surpris de nos jours avec toutes ces habitations, même nous, 8 ans après, nous n’avons pas le souvenir de tant de constructions ! Parmi elles, les plus récentes donnent accès aux vacanciers à d’innombrables hébergements saisonniers et disséminés un peu partout dans la partie nord-est de la ville, entre galeries d’art et boutiques d’antiquités, de vieilles bâtisses restaurées suggèrent à notre imagination d’évoquer le passé. Les plus vieux monuments comprennent l’église Saint Peter et le phare Saint Blaize achevé en 1864. Pour nous rendre à ce dernier, une superbe promenade nous fait border l’océan déchaîné. Que cette puissance est belle ! Sa force tumultueuse érode depuis des décennies la roche rebelle. Dans ce spectacle brisant d’embruns des petits Damans du Cap crapahutent avec aisance à la recherche d’herbes et de feuillages, leurs principales nourritures. Attendrie par leurs airs de marmotte, comme mon Tchoupi, je tente sur les falaises abruptes de saisir quelques clichés… Aussi fascinantes que ces mammifères aux allures de gros cochons d’Inde, les otaries farceuses, excitent notre indiscrétion ! À deux milles de Blacky, leur fief, seal island nous détourne pour un moment de la terre ! Le froid glacial de l’Antarctique apporte à l’été sud-africain une note noëlisée à ce 24 décembre, et devant la luisance de leur corps pansu, nous soupirons des vœux de bonté à ce monde qui nous semble devenir fou ! Comment faudrait-il s’y prendre pour le remettre sur le droit chemin ? Si marcher sur des rails pouvait suffire, nous serions arrivés aujourd’hui à changer un peu le court des choses ! Douze kilomètres à longer une partie de la voie ferrée qui relie Mossel Bay à Oudtshoorn, plus à l’intérieur des terres. Aujourd’hui, uniquement quelques kilomètres de la ligne sont utilisés pour le plaisir des touristes, par le Diaz Express, un petit train de trois wagons. Faut dire que le cadre vaut la peine d’être bordé ! Le long de la côte, là où la mer affranchit ses vagues de leur longue course, les roches façonnent le rivage que la flore s’applique à enjôler.
De retour de notre folle cavalcade qui ne nous a mené par sous-estimation de distance qu’à un condensé commercial, nous retrouvons, suspendu à ses amarres, notre pauvre annexe en lévitation au-dessus de l’eau ! Farce ou avertissement ? L’insinuation est assez claire pour trouver à l’avenir un autre parking à notre dinghy ! S’ajoute à la semonce, la manifestation déplaisante de notre accastillage ! Incompréhensiblement, poulies et accroches rapides en inox cassent à tour de bras ! La dégradation serait-elle liée au surpoids incontestable que nous faisons subir à Blacky ? Ben oui, depuis que nous sommes en Afrique du sud, nous mangeons comme quatre ! Quand ce n’est pas un Braï, un « Big Dady » ou un fish and chips, c’est un Paris Brest interminable de ma fabrication qui nous rassasie ! Du coup, nous passons à lasse notre repas du réveillon en aspirant faire le prochain avec notre fiston et notre choupinette qui s’apprêtent à traverser l’océan Indien en début d’année.
Jets, bouées tractées et autres activités dites « éco » tourisme pour un marketing plus « fun » ! C’est infernal ! Le mouillage ressemble à un circuit de karting ! Pour y échapper, nous allons visiter le musée maritime. Expéditions, caravelles, route des épices… tous ces mots imprégnés dans l’histoire nous font voyager dans le passé et pour remonter encore plus loin vers nos origines, le Point of Human Origins attise notre curiosité ! Mais les pas de Cro-Magnon sont bien gardés et hormis voir les nôtres sur la Garden route et la superbe flore qui lui a fait valoir son nom, le lieu restera mystérieux …
