JAMAĂQUE đŻđČ, Immersion dans un pays « Peace and Love ! » «Respect ! » « Natural ! » «Yeah Man ! »
#159 âïž
Port Antonio, pas un touriste ! Nous sommes au cĆur de la citĂ©, au marchĂ©. Le poumon de la ville ! Jâadore les marchĂ©s ! On y apprend tellement sur les habitants, on se sent immĂ©diatement en immersion dans le pays. Cultures, traditions, pittoresque, tout y est ! Du patois chantant aux odeurs exotiques. Les fruits et lĂ©gumes regorgent Ă mĂȘme le sol et les couleurs locales nous mettent dans lâambiance du rastafari. Les dreadlocks contribuent au symbole idĂ©ologique, mais ce qui fait partie sans aucun doute de la culture JamaĂŻcaine câest bien la musique et la ganja !
Au rythme du reggae, les scĂšnes de vie sâaccordent parfaitement Ă la nonchalance ambiante. Le « One Love » sâimprĂšgne de nous aussi naturellement que la douceur de lâeau de coco dans nos gosiers. Sans rien organiser, nous nous laissons guider par la vibe. Un Ă©change, un regard, quelques mots et nous voilĂ embarquĂ©s avec notre marchĂ©, dans un taxi. Nous avons croisĂ© Captaine Reeboo. Tout le monde le connait par ici. Il doit avoir plusieurs activitĂ©s, entre autres, celle de faire dĂ©couvrir la bambou river. Yeah man ! Dans la paroisse du Portland, au pied des Blues Montains, sâĂ©coule depuis des siĂšcles, lâun des plus grands fleuves de JamaĂŻque, le Rio Grande. FĂ»t un temps, sâencourageant en chantant Day-O, on acheminait les rĂ©gimes de bananes des plantations cĂŽtiĂšres par radeau, jusquâĂ lâembarcadĂšre de Port Antonio. De nos jours ce sont les visiteurs qui se laissent transporter sur ces embarcations, faites uniquement en bambou !
Notre capitaine maitrise ! Assis sur notre trĂŽne en graminĂ©e, nous nous laissons mener. La perche en bambou appuyĂ©e de la force des bras de Reeboo suffit Ă nous faire avancer. Les vertes rives dĂ©filent dans le calme. Juste le chuintement de lâeau, le chant des oiseaux et par moments, la stridulation envahissante de ceux qui semblent ĂȘtre des criquets. Nous avons tant Ă apprendre ! Une vie ne sera pas suffisante. Prenez, par exemple cet arbre, le Donkey Peepee tree, comme il est appelĂ© ici, ou tulipier dâAfrique, la sĂšve que contient sa fleur orange serait un remĂšde pour soigner la conjonctivite. Et cette graine, la Horse Eyes, Ćil de cheval, de bĆuf ou de tonnerre, selon les rĂ©gions du monde, a la caractĂ©ristique dâabsorber la chaleur et de devenir brulante quand on la frotte, pouvant servir Ă cautĂ©riser les petites plaies. Chaque expĂ©dition est un moyen de nous cultiver. Câest ainsi que nous apprenons que câest Errol Flynn, lâacteur mythique de lâĂąge dâor dâHollywood, qui est le prĂ©curseur de ces incursions en rafting, au cĆur de la jungle JamaĂŻcaine et que câest en ce mĂȘme lieu que Johnny Depp aurait embrassĂ© sa derniĂšre Ă©pouse. Mais il ne faut pas se faire leurrer par le vert Ă©meraude de lâeau, le romantique site nâen est pas moins, une base dâentrainements militaires oĂč les conditions peuvent ĂȘtre difficiles. Ici les troupes apprennent Ă vivre en pleine nature, Ă construire des abris, Ă collecter de lâeau, Ă piĂ©ger et Ă se nourrir de ce que chacun trouve. Pour nous, nous sustenter ne va pas ĂȘtre compliquĂ©, Belinda a tout prĂ©parĂ© !
Les gouttes rebondissent Ă la surface de lâeau, il parait quâil devrait pleuvoir plus que ça en cette saison, mais le climat change, tout le monde est unanime sur ce point ! Cela nous rend encore plus sensible Ă ce qui nous entourent. Mon Amour filme, jâobserve ! Cette nature est tellement belle et ces oiseaux si libres. Libres, comme cette vie que nous avons choisie. AmarrĂ©s Ă la marina, notre libertĂ© en serait presque entravĂ©e, surtout Ă 38 dollars la journĂ©e. Ă 10 dollars prĂšs, le mouillage nâest pas plus abordable, mais au moins, dans la baie, nous nous sentons dĂ©livrĂ©s !
Un village de pĂȘcheurs, un ilot, une Ă©pave, nous avons troquĂ© le bleu des Bahamas contre le vert de JamaĂŻque et la luxuriance de ses arbres. Tout pousse ! Pas Ă©tonnant que le cannabis soit si populaire ! Pas besoin dâavoir la main verte pour avoir la peace and love attitude ! Rien quâavec les effluves, on se sent zen ! Dâailleurs, toute la population semble lâĂȘtre. Et que dire de ce DJ rasta improbable avec sa table de mixage dâun autre temps et ses 45 tours ?
Cette ambiance si unique a attirĂ© quelques richissimes. Au dĂ©but des annĂ©es 1900, un homme dâaffaire de Salem, Alfred Mitchell avec sa femme Annie Tiffany, hĂ©ritiĂšre dâune grande fortune, tombent amoureux de la ville. Ils achĂštent alors des terres Ă Folly Point et font construire un manoir, rĂ©plique dâune villa romaine de 60 chambres, tout en marbre. Aujourdâhui, la propriĂ©tĂ© est en ruines, mais les restes reflĂštent encore la grandeur originelle. Toutefois, cette dĂ©mesure humaine ne peut Ă©galer la sublimitĂ© de ce saisissant ficus. Nous lâavons dĂ©couvert par hasard, en cherchant le chemin qui mĂšne au vieux phare de port Antonio. Il est lĂ , depuis plus de quatre siĂšcle, remarquable, beau, Ă©minentissime. Câest un de ces arbres que lâon imagine dans les contes dâenfants, oĂč chamans, mages et dames de savoir viennent puiser la force. Ses racines...