#94 Finalement le Covid nous aura poussé jusqu’ en Guyane -Brésil- Guyane partie 4
#94 du Brésil en Guyane partie 4
20 avril, 189,1 milles par 2º58’78 nord et 48º25'610 ouest. Black Lion se presse, même sous les voiles réduites de la nuit, il ne défaille pas ! Les trois heures de flux d’est du petit matin lui donnent des ailes en lui pourvoyant miraculeusement la parole que seul le capitaine est apte à saisir ! D’après son interprétation, la demande de son intrépide félin est parfaitement explicite : « Dis papa ! Tu vois comme je marche bien, et bien je peux encore mieux faire ! S’il te plait, donnes moi encore de la toile, faits moi confiance et je ne te décevrais pas ! ». Demandé avec autant de conviction, et attendrit par les premiers mots de son fidèle compagnon, sur un océan que rien n’oserait perturber, tant l’onde est harmonieuse, en père compréhensif, il cède à la requête. La grâce pourrait être digne d’une publicité promouvant les plaisirs de voyager sur un Catathai ! Avec 12 nœuds de vent, nous filons à 10, une navigation de rêve à l’état pur. Les 60 milles sont atteints en six heures dix… Tchoupi est en extase, il jubile ! Dans un vain optimisme, nous nous animons à imaginer la fin de cette traversée maintenue à ce rythme, mais nous le savons, la bonté des éléments est une faveur de courte durée, d’ailleurs, nous ne tardons pas à en avoir la preuve !
Il y a des forces que rien ne peut troubler, pas même la douceur d’un instant de bonheur ! Peut-être est-ce même lui qui l’attire, aspiré par notre nirvana, un belliqueux vient nous provoquer. Son ambition est si grande qu’avant d’entrainer avec lui tous ses sujets, il s’applique à occulter le soleil pour rendre son attaque plus féroce ! Mais nous commençons à les connaitre ces mauvais, et bien avant que leurs vigueurs maléfiques nous agressent, nous savons que faire ! Voiles soumissent à la prudence, sereinement, nous patientons en voyant gonfler le colossal qui pour mieux parfaire son rôle n’a omis aucun apparat et il ne pouvait mieux trouver pour se former que le faire en pleine rencontre de deux courants, dans un mascaret cynique, là où justement, le bleu intense de l’océan se mêle au lugubre de celui qui a côtoyé les fleuves amazoniens…
21 avril, 181,9 milles, 4º31'344 nord ; 50º33'179 ouest. Nous arrivons ce soir en Guyane…
