#97 Séjours en pleine forêt a [...]
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Owner: CATAMARAN BLACK LION

#97 Séjours en pleine forêt amazoniennes, 3 jours au carbet- Black Lion en Guyane

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Location: Guyane française
Latitude: 3.93000000
Longitude: -53.13000000
Published: 2 Jul 2021

#97 Guyane partie 3. Marais de Kaw, Carbet Kunana

Les averses se succèdent sans discontinuer. Il parait que l’année est exceptionnellement abondante en eau. Une fois que nous le savons, il suffit de se faire une raison et s’adapter à la météo, mais nos batteries ne voient pas ça du même œil ! Privées des recharges produites habituellement par leurs panneaux solaires, elles s’épuisent en criant famine ! La disette est si affaiblissante qu’elle nous fait douter sur l’espérance de leur vie !
Rester à leur chevet ne servant à rien, nous embarquons à bord d’une coque Ariane Space, en nous laissant guider sur les marais de Kaw. Situés dans la région de Régina, les marais en question forment une immense réserve qui se compose essentiellement de mangroves, de savanes inondables et de forêts tropicales humides. Entre les Moucou-Moucoux, ces plantes de plus de trois mètres aux grandes feuilles sagittées, le hors-bord de notre plate alu résonne ! Les caïmans nous ont entendu de loin, ils se planquent, c’est à se demander s’ils ne sont pas une légende, tout comme la centaine d’habitants du seul village de Kaw, introuvables ! La vie semble avoir été mise entre parenthèse. Une vieille cabine téléphonique, quelques cases soumises aux herbes accaparantes, des ruelles désertiques… On se croirait perdu dans un hameau abandonné…
Chaque voyage est différent. J’ai entendu dire qu’au premier voyage, on apprend, au second, on s’enrichit. On pourrait tout aussi dire qu’au premier, on découvre, au deuxième, on s’instruit. Vivre la Guyane, c’est d’abord apprendre à la connaitre et comment mieux l’appréhender qu’aux côtés de passionnés !
Notre annexe est chargée pour trois jours. Tout y est ! De la touque traditionnelle à l’indispensable hamac, en passant par les neuf lampes rechargeables, objet d’un engouement presque phobique de mon capitaine. C’est vrai qu’à côté de la barque que s’est fabriqué Mario, sur le fleuve, notre gonflable a moins d’allure ! Elle est surtout moins adaptée aux conditions, mais notre parcours ne doit pas nous faire passer de rapides, les sauts comme ils sont appelés ici, et les obstacles devraient être surmontables.
Vu du drone, la canopée pourrait faire penser à un immense champ de brocolis, de vrais jardins suspendus couvrent les hautes branchent. Dessous, en bordure de la Kunana, nous investissons le carbet le plus isolé. La pluie vient de s’arrêter. La nature s’éveille avec la délicatesse des ailes d’un papillon. Elle compose avec le scintillement des gouttes d’eau qui se détachent des feuilles, le déplacement d’une fourmi, les formes et les couleurs. Sur le fleuve ourlé de ses lisières impénétrables, nous tentons de voir l’incroyable, de saisir les émanations, de deviner l’esprit de la forêt. Tout est émerveillement, de ces lianes tortueuses à l’amour de ce colibri pour ses petits !
Dans ce milieu humide et hostile, tout l’art de faire un feu devient indispensable. La nuit nous enrobe, les flammes s’attisent, le concert nocturne débute. L’éclat d’une lampe à pétrole fait vaciller nos ombres. En plein cœur de cette Amazonienne, Mario nous enseigne. Féru de serpents, il nous initie à leur observation. Torches à la main, nous arpentons la berge, des yeux rouges doivent nous avertir…
Bien que nous soyons revenus bredouilles de notre exploration de la veille, il faut une certaine dose de détachement pour arriver à nous baigner dans l’eau marronnasse du fleuve. Ne pensons pas aux piranhas, reptiles et autres petites bestioles sympathiques, d’ailleurs nos amis ne s’en font pas eux ! Il parait de toute manière que les animaux ne sont pas curieux par ici ! On va les croire sur parole en profitant de cette eau vivifiante et de cet environnement énergisant.
La vie foisonne. La mousse tapisse les chablis qui ont entrainé dans leur chute les épiphytes ; lézards et chenilles s’en font de vrais domaines. Les têtards pullulent, l’oiseau sentinelle, lui, fait retentir constamment son chant aigu et puissant. Immergés dans cette belle émeraude, en prenant le temps d’écouter la nature, l’imagination s’emballe ! Mais il ne faut pas juste l’entendre, mais vraiment l’écouter, comme on écoute le crépitement d’un feu de bois ou le ressac des vagues …
Une légère brise fait sécher les voiles de Black Lion. Il s’est bien comporté en attendant sagement notre retour. Trois jours loin de lui, ce n’est pas rien, c’est même un gros effort quand on sait les risques que comporte un mouillage sans surveillance ! Nous avions tout de même donné des recommandations à nos voisins au cas où, mais c’est toujours un stress.
Ce soir, sous un intense ciel rose, nous sommes rassurés, Blacky n’est plus seul, nous allons retrouver notre cabine et certainement que dans un sommeil plus profond nous rêverons de cette forêt qu’il faut protéger.
En parlant de protéger, tout geste peut faire la différence. Nous avons tous un ...


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