Viens je t’emmène sur mon bateau, au gré du vent, vers le soleil couchant. Cap sur Haïti 2/2
#191 ✍️Premier réveil, les quarts de nuit ne sont pas au point. Le minuteur est là pour donner un peu la cadence ! Au levant, nous avons fait que 100 milles en 24 heures. Le code 0 va nous faire reprendre un peu de vitesse et les 15-20 nœuds des heures prochaines devraient nous pousser. Du moins, c’est ce que nous espérions, mais nous nous trainons, trop de courant, trop de sargasses !
Porto Rico à notre tribord nous fait de l’œil, ça ne suffira pourtant pas. On ne s’approche pas comme ça de l’île de l’enchantement, il faut y être autorisé par les États-Unis ! Visa B1B2 délivré dans une ambassade américaine obligatoirement. Il y a, en cela un peu d’injustice ! Pourquoi alors, les américains, eux, ont-ils le droit d’arriver dans les départements français par bateau, simplement, sans visa ? Nous n’avons pas la réponse, mais ce que nous savons maintenant, si nos sources sont exactes, c’est que les côtes Portoricaines sont bien gardées. En preuve, ce ballon captif, ISR (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance), qui serait un aéronef particulièrement efficient pour assurer la surveillance et la protection.
Toujours avec une extrême prudence, mon capitaine examine, étudie. Le passage de la Mona est délicat, cependant, notre vent arrière nous est profitable. Le ciel est d’un pur bleu, la mer s’est levée et je continue à cuisiner…
Les soirées se suivent sans qu’aucun soleil couchant ne se ressemble, tous ont leur singularité, leur atmosphère particulière et leurs couleurs changeantes.
17 février, un grain à 27 nœuds s’est levé à 2 heures du matin. Nous nous en doutions, celui de la veille nous avait mis en alerte. La voilure était de conséquence avec nos 2 ris et le foc. Armé de cette façon, Blacky ne force pas et sans même y croire, malgré houle et vent, nous arrivons à faire un direct de 48 minutes sur Youtube avec notre nouvelle antenne !
La magie du crépuscule a encore opéré, les dauphins s’y sont invités !
18 février, cap 280, 137,5 milles en 24 heures. Je suis toujours stupéfaite par notre adaptation face à l’état de la mer quand le ciel est dégagé et le soleil rayonnant. Il y a comme une acceptation hypnotique ! Du moins là, je parle pour moi, car mon Tchoupi ne vit pas cette traversée comme moi. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’en bon capitaine, il a la prévenance de toujours bien me préparer et de me rassurer. Ce qui fait, que de mon côté, je suis complètement zen. Lui, est plus tendu, il s’inquiète pour notre monture, est attentif au moindre bruit, vérifie en permanence les haubanages. Il a son rôle de capitaine à cœur et je sais, quand nous approchons de la pointe de l’ile Alto Velo, que sa vigilance s’intensifie.
Les derniers milles se font au moteur, en optimisant pour faire tourner notre dessal. Bien que nous soyons convaincus de notre décision sur notre destination, à la vue des premiers pêcheurs Haïtiens, une certaine pression s’empare de nous. Nous sommes sur nos gardes ! Mais le danger n’est pas là, heureusement que nous ne sommes pas arrivés de nuit, des dizaines de bouées flot-tent au-dessus d’une sonde à 200 mètres !
Les pirogues à voiles s’en vont, s’en viennent. Les scènes sont de vraies esquisses pour de futures aquarelles. Nous arrivons à l’ile à vache….