Nous coulons avec notre annexe ! Nous nous faisons virer de notre mouillage comme des malpropres !!
#239,✍️ Le « je m’en fous » de notre dernière réparation de dinghy, on peut le dire, n’a pas été très efficace ! Notre malheureuse embarcation fuit toujours ! Six années de tour du monde l’ont pour le moins usée, pourtant il va falloir qu’elle nous tienne encore un peu. Nos amis de Nouvelle Calédonie arrivent, et si nous pouvions leur épargner des bains de pieds à chaque débarquement, nous lui en serions reconnaissants.
A nos débuts, chaque départ qui nous séparé des personnes chères à nos cœurs m’affecté, mais avec le temps, je me suis rendu compte, en grand voyage, qu’il n’y a pas d’adieu, seulement des au revoir. En adoptant cette perspective, j’aborde les séparations avec plus d’optimisme et les retrouvailles semblent arriver plus vite. Quatre ans se sont écoulées depuis notre dernière rencontre avec Sophie, une amie de longue date. C'est lors de ces retrouvailles que l'on réalise que la vraie amitié ne réside pas dans le fait d'être constamment ensemble, mais dans celui de se retrouver après une période de séparation, sans que rien ne soit altéré. Nous partageons des valeurs communes, des souvenirs, des blagues. Pour ces dernières, imaginez bien que mon Tchoupi n’est pas en reste pour rattraper le temps perdu en piégeant gentiment celle que nous considérons comme notre petite sœur.
Additionnée au temps exceptionnel que nous avons depuis quelques jours, Moorea se prête admirablement à la réception de nos invités. Sa lumière, ses montagnes, sa nature foisonnante, ses couleurs pastelles, tout est émerveillement…
Le décor est idéal pour la retraite de notre petite annexe. Comble du hasard, nous faisons l’acquisition de sa remplaçante avec Nicolat Gruet, architecte de Black Lion.
Mon cœur est en peine !
Difficile de trouver un mouillage autorisé à Tahiti ! Faudrait il encore que les zones interdites soient délimitées par des balises. Une fois de plus nous avons obligation par les autorités, avec très peu de courtoisie, de quitter notre ancrage ! Et quand, poliment nous demandons, où nous avons le droit de séjourner, la réponse est vague et peu bienveillante.
Ceux qui nous connaissent savent combien la Polynésie est importante à notre cœur, savent combien nous aimons profondément ces iles du bout du monde, son peuple, sa culture et ses traditions, mais aujourd’hui mon cœur est en peine ! Moi qui ai toujours défendu la Polynésie, je suis obligée d’admettre avec énormément de tristesse que dans certaines îles, dont la principale, nous ne sommes pas les bienvenues. Déjà, à l’autre bout de la planète, il y quelques années, nous commencions à entendre quelques « rumeurs » sur l’accueil en déclin dans ce paradis ! Comment imaginer un tel changement ? Insensé, je n’y ai jamais crue en défendant avec ferveur mes iles Fa’a’amu où notre fils a fait ses premiers pas. En écrivant ces quelques lignes, j’en ai les larmes aux yeux. Le monde change, et nos iles du bout du monde avec ! Notre vie de nomade, nous l’avons choisi pour découvrir, partager, échanger et apprendre de chacun. Le Respect avec un grand R fait partie de nos valeurs. Respect des pays que nous abordons, respect des peuples que nous côtoyons, respect des us, respect des coutumes. C’est dans cet esprit que nous voyageons, que nous parcourons notre belle planète où nous sommes tous citoyens du monde, mais malheureusement, aujourd’hui, il semble évident que nous ne soyons pas les bienvenues de partout ! Pourtant, j’essaie encore de trouver des excuses à l’ampleur de cette triste réalité. La faute à qui, la faute à quoi ? Aux abus certainement, des uns et des autres. Au manque de respect et à l’évidence, le dernier mot appartient à une élite de bien-pensants qui a le pouvoir de décisions. Alors, nous n’avons d’autres choix que d’accepter les aberrations et nous accommodés tant bien que mal au manque cruel de structures adaptées aux voyageurs.
Ces quelques lignes ne sont en aucun cas dédiées à tous nos amis Marquisiens et Polynésiens qui comprendront que ce que nous dénonçons c’est uniquement l’attitude désobligeante de certains qui contribuent à créer une animosité entre locaux et plaisanciers souvent pris pour des parias et surtout ce manque de solution pour les voyageurs avides de découvrir cette belle Polynésie.
Cette courte escale à Papeete pour rapprocher Sophie et Tejy de l’aéroport nous a chamboulé. L’évidence face à nous, nous devons nous faire une raison, les voiliers ne sont plus les bienvenus à Tahiti ! Ainsi, nous nous activons à la maintenance de Black Lion. La fin de saison cyclonique approchant, nous pouvons envisager la suite du voyage. Mon capitaine s’essaie à quelques réparations, s’occupe des vidanges moteurs, installe un nouveau panneau solaire…