Aventure, sensations et émotions en République Dominicaine « Black Lion 142 »
#142 République Dominicaine, Partie 2, Los Haiteses
✍️2 février 2022, l’épreuve des poteaux se joue à la Bahia de San Lorenzo. Les pélicans tiennent bon ! Nous allons devoir jongler avec les grains, saisir chaque éclaircie. Les échassiers se font sécher et le rapace guète. Il est dit que les indiens Taïnos, autrefois, ont fait de ces formations géologiques leurs abris. Faut dire que les cavernes sont nombreuses. La Arcna en est un témoignage probant. Les bras de rivière marron serpentent avec splendeur entre la mangrove éclatante de vert. À l’encoignure d’une artère, entre les bambous, les palétuviers et les cocotiers, poules, canards, dindons et chevaux se partagent une ferme. Probablement un lieu habituellement touristique, où sont transportés les visiteurs pour une découverte des environs en bateau moteur. Mais pour l’heure, c’est mission sauvetage ! Les fortes averses des derniers jours, en plus d’avoir apporté une vague de froid, ont inondé une partie du pays et emporté sous les eaux plusieurs embarcations !
Il faut plus que des crachins discontinus pour perturber nos explorations téméraires ! Nous nous enfonçons dans les grottes de la Sabana de la Mar. Mon capitaine manque de glisser ! Le refuge humide dissimule sur les parois calcaires les peintures rupestres de quelques siècles passés. Voudrait-on nous tromper ? Nous duper de manière abusive ? Nous restons dubitatifs sur l’origine de certains dessins, qui nous semblent de purs plagiats ! Dans l’obscurité, la cavité qui donne sur le ciel apporte au lieu, du mystère. Les lianes sinuent, les racines s’entrelacent, l’eau nous arrive aux cuisses, il n’en faudrait pas beaucoup plus pour que le décor serve à un film d’épouvante !
Les vallées vallonnées s’étirent jusqu’à l’Ensenada del Naranja, à l’est de la Samana. Le déluge a charrié une quantité phénoménale de troncs et végétaux qu’il serait moyennement tolérable d’accrocher dans nos Sail drive. Le soleil essaie de percer, avec lui, le spectre continu de sa lumière teinte le ciel gris. Enclavé entre des mamelons de verdure, Black Lion est stabilisé dans deux mètres quatre-dix d’eau. Plus loin, des pêcheurs ont lancé leurs filets et nous, nous sommes les seuls voyageurs ! C’est juste fantastique ! La nature, grandiose, s’offre à nos regards. Une barque vient à notre rencontre, on essaie de se comprendre. Un sourire, quelques mots, nous négocions un sac de crevettes contre quelques pesos. Le voyage comme nous l’aimons !
Le retour vers la cité se fait sous voiles, en tirant des bords, pour le plaisir ! Comment aurait-on pu imaginer avoir un tel besoin de navigation, il y a 15 ans ? C’est devenu viscéral, tout comme ça l’est pour notre fils ! Sur sa reine des mers, en Afrique du Sud, des rêves pleins la tête, il s’apprête à passer le Cap de Bonne Espérance ! La première fois qu’il a passé, nous étions tous les trois, c’était en mars 2014 ! On surveille avec attention sa progression. Nous sommes tellement heureux, le cap des aiguilles est dépassé, ça y est, il en a enfin terminé avec l’océan Indien, l’Atlantique est devant lui. C’est comme-ci nous sentions les vibrations de son ferrociment arriver jusqu’à nous ! En ce 5 février 2022, à l’aube de ses 24 ans, notre fils double le Good Hope, le Cap des tempêtes, le Cap de Bonne Espérance ! Mes yeux s’emplissent de larmes, ceux de Cyril n’en sont pas moins brillants, nous sommes si fiers !
À l’allégresse de cette journée, s’ajoute notre contentement d’avoir atteint sur notre chaine Youtube, les 10 000 abonnés ! 10 000 bananas qui font intégralement partis de cette aventure et avec qui, nous nous régalons de partager.
Aujourd’hui, Tchoupi est en vacances, c’est moi qui fais le guide ! Direction Las Terrenas. Parait-il que le lieu fait partît des incontournables de la région ! Question de point de vue, incontournable pour qui ? C’est là que nous nous rendons vraiment compte, à quel point nous sommes décalés ! Hôtel, bar, restaurant, afflux de touristes… Où est passé l’authenticité ? Que reste-t-il de ce charmant petit village de pêche ?
À Cayo Leventado c’est le même constat ! Le tourisme de masse a détruit l’évidence de la beauté. Alors on trouve des compensations dans le commérage ! Notre Despacio en poche, nous bougeons vers Puerto Plata…
