Histoires de cochons aux Bahamas 🇧🇸

#150 Bahamas, partie 5

✍️L’idée que nous nous faisons de Georges Town n’est pas flatteuse. Pour tout dire, les quelques échos présentant la ville comme le centre de l’activité plaisancière nous rebute un peu ! Mais je conçois que notre perception est un peu arbitraire. C’est ça de trainer dans des îles désertes, on finit par avoir un petit côté égoïste ! Voilà pourquoi nous avons mouillé à Crab Cay, deux milles plus au sud-est de la petite capitale des Exumas. De là, l’occasion d’une virée en annexe est toute trouvée, nous devons aller voir de nos propres yeux ce qui rend cette place si célèbre. Dès notre approche, nous comprenons ! Ici, tout est fait pour que le plaisancier se sente bien. Petit ponton à dinghy bien abrité sur le lac Victoria, eau potable disponible gratuitement, benne à ordures, station-service, supérettes, liquor-shops, restaurants et petites boutiques pour les accros de shopping. Exactement tous ce qui, aux Bahamas, auraient tendance à nous faire fuir ! Bon d’accord, j’exagère un peu, mais ce n’est pas non plus ce qui va nous retenir.
Bien que le lieu soit propice au rassemblement d’un grand nombre de bateaux, cela n’enlève en rien à l’eau sa beauté et vue du ciel, le spectacle va, à coup sûr, être grandiose ! Nous allons pouvoir en avoir confirmation, le drone de Tchoupi est réparé. Trois semaines que le rebelle indocile ne voulait plus s’envoyer en l’air ! Encore cette fameuse alchimie du vert-de-gris.
Chaque creek dissimule une surprise. Ici, un boyau creusé dans la roche calcaire serpente vers l’intérieur de l’île. Une ancienne carrière désaffectée. De l’autre côté, révérée dans son écrin de béryl, une épave rouillée gît en sa dernière demeure. Là, loin de sa gloire passée, les trois coques d’un monstre de courses restent oubliées de tous. Et à, à peine plus d’un mille de la ville, Stocking Island. Toute en longueur, une petite île qui protège légèrement Georges Town de la houle de l’Atlantique. De son sommet, Salt Monument, le spectacle est superbe ! Des dizaines de voyageurs ont laissé leurs empreintes : un homographe, le nom d’un bateau ou celui d’un amour, calligraphié en pierres sur un étang asséché…
On va s’en rappeler de cette escale, je viens d’y perdre notre téléphone ! Mais si ce n’était que ça, le problème n’en serait pas vraiment un ! Le plus ennuyeux, c’est qu’avec les codes de sécurité, sans carte Sim, nous n’avons plus accès à nos applications importantes, comme celles des banques !
Le passage est étroit, précautionneusement, mon capitaine s’engage dans le chenal. Nous avons 18 milles à faire pour nous rendre à White Cay. Le point nous a été donné par un bateau copain. Loin de l’affluence touristique, cohabitant avec les bernard-l’ermite, les raies pastenagues et les oiseaux marins, vit une communauté pour le moins insolite en ces lieux ! Une famille porcine ! Oui ! De vrais cochons, pourvus de quatre pattes, un corps trapu, un groin et une queue en tire-bouchon. Et pas n’importe quels cochons, des cochons nageurs ! Résidents de ce javeau paradisiaque, ces heureux porcinets semblent couler des jours paisibles, les sabots en éventail !

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