Préparer son voilier au mauvais temps, comprendre la météo, doubler, tripler son ancrage, résilience
#235, ✍️ Moorea n’a pas toujours portée ce nom. Il y a bien longtemps, cette superbe île se nommée Aimeho, « manger en se cachant ». On dit que ce nom lui vient de la légende de la pieuvre de Papetoai, qui symbolise l’île. Sa tête serait devenue le mont Rotui, alors que ses huit tentacules auraient rayonné pour créer les huit chaines de montagnes de Moorea. Vers la fin du XVIIIe siècle, au temps du règne des Ma-rama, un grand prêtre eut une vision : un magnifique lézard jaune, Moorea en Tahitien. De ce jour, celui-ci devint l’emblème de cette famille régnante. Cependant les légendes sont nombreuses et les récits divergent, racontant que ce lézard jaune aurait ouvert les baies d’Opunohu et de Cook, ou que celui-ci aurait été mis au monde par des habitants de Maiao, l’île voisine, puis se serait noyé avant de s’échouer sur une plage de Moorea, d’où son nom. Quelle que soit la version, ces histoires fantastiques donnent à cette terre quelque chose de mystérieux et devant la beauté de ces panoramas, nous aurions presque envie d’y croire.
Bercés par la douceur du Fenua et du temps passé avec nos amis, nos journées passent paisiblement. Cependant le bassin Pacifique s’active ! La météo devient capricieuse et complexe. Les dépressions commencent à se dessiner. Et mon capitaine enchaîne les analyses. La tâche est délicate d’autant qu’aucun site annonce la même chose. Un vrai dilemme pour trouver la bonne protection, mais j’ai une réelle confiance en son jugement. Il étudie avec discernement chaque option pour choisir l’emplacement qui nous abritera le mieux. Et pendant ce temps, la vie abonde sous Blacky. Des centaines de petits poissons dansent entre nos deux coques. Sur le pont, la ronde est différente ! On s’active à tout ferrer, tout sécuriser, tout ranger pour avoir le moins de fardage possible.
Deux jours avant c’est le calme plat ! Ce qui fait qu’accentuer notre inquiétude face à la formation imminente du phénomène. On se conforte en ajoutant une deuxième ancre à notre mouillage et on s’arme de résilience ! Il n’y a que ça à faire en espérant que le pire n’est pas à venir !
Nous sommes désemparés ! Jonathan vient de nous appeler. Le bateau qu’il convoie vient de se faire attaquer par des orques au large du Maroc. Nous ne savons quoi faire. Ça fait deux heures que nous n’avons plus de nouvelles, nous sommes impuissants. Au téléphone, il avait l’air de gérer la situation. Il est avec son équipier. Ils ont pris la décision de bifurquer vers la terre, d’aller vers Tanger. Je me raisonne en me disant qu’ils ne risquent rien, la terre n’est pas loin. Ils sont deux, pas de raison de m’inquiéter. Pourtant, une part de moi ne peut s’empêcher d’imaginer le pire. Cyril me rassure, mais je le sais comme moi. Et pour cause : depuis quelques années maintenant, ces prédatrices particulièrement intelligentes ont endommagé des centaines de bateaux au large des côtes de Gilbraltar et du sud de l’Espagne. Il se sentait soulagé depuis que Jonathan avait quitté cette zone et voilà qu’elles les ont rattrapés. L’attente ponctuée par le silence oppressant du téléphone, est insupportable ! Mon cœur de maman s’apaise, lui, son équipier, le bateau sont tous les trois en sécurité, plus de peur que de mal !
Alors que la chaleur s’intensifie, et que nous passons en vigilance orange, nous achevons nos préparatifs. Sous l’eau, tout est en place. Il ne nous reste plus qu’à patienter, prêts à affronter l’orage à venir …
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