Tout commence par une tentative d’empoisonnement au jus d’orange,Bienvenue en République Dominicaine
#141 ✍️La baie de Puerto Santa Barbara s’éveille, paisible. Un bateau de croisière vient d’arriver. Celui qui est moins paisible, c’est mon capitaine ! Il vient de s’apercevoir qu’il a ingurgité un jus d’orange périmé ! Mais quel comédien !
L’entrée dans le pays n’est vraiment pas contraignante. Hier, Luis, un local comme qui dirait « multitâche », qui semble s’être approprié le titre d’agent dans la baie, est venu nous voir en nous informant des formalités. La première étant de nous légaliser au niveau de l’immigration, il a très gentiment organisé notre rendez-vous avec le service en question qui nous a libéré de notre statut de clandestins le jour même, pour la somme de quatre-vingt-quatorze dollars américains. Passés cette première étape, avec l’impatience qui me correspond, nous avons dû attendre ce matin pour clôturer nos obligations à la douane et au port autonome, auquel nous avons déboursé pour ce dernier vingt-sept dollars. Mais quel plaisir de nous acquitter de ces impératifs sans parler, Covid, vaccins et tests. C’est justement une des raisons qui nous a décidé à faire escale ici. Le rituel classique qui suit l’officialisation de notre entrée, vient à nous reconnecter au monde, en trouvant une carte Sim locale et en nous munissant de quelques Pesos Dominicains. Dotés de la monnaie du pays, en nous fondant à la population, on se réjouit de retrouver des étals de fruits et légumes dignes de nom ! Tout y est, les odeurs, les couleurs, les sourires, le bruit, les klaxons, la musique… Tout y est, pour nous rappeler les Philippines ! Immergés dans le flux de cette ville frétillante, notre enthousiasme est certain. Nous adorons cette ambiance latino, ces airs de Bachata, et ces haut-parleurs grésillants. Fascinés par ces rythmes endiablés, nous n’en restons pas moins amoureux du silence et lorsque nous retrouvons un semblant de calme aux abords du pont de Nowhere, nos tympans nous en sont plus que reconnaissants ! Ce bridge et le dessein du président Joaquin Balaguer qui, dans les années 60, a eu le projet de construire un restaurant-casino sur l’une des îles de la baie, reliée au continent par un pont piétonnier. Aujourd’hui, si la super passerelle reste une balade populaire, il ne reste que des vestiges de ce qui aurait dû être un complexe luxueux.
Si j’en crois les guides touristiques, la saison des pluies en République Dominicaine s’étend de mai à octobre, mais la région de Samana a une moyenne de pluie relativement élevée par rapport au reste du pays. Les statistiques indiquent près de 180 jours et 2200 millimètres de pluie par an, dire si l’averse que nous subissons ce soir est dans la normalité !
À califourchon sur notre scooter, tels des aventuriers des temps modernes, prenant tous les risques pour nous enfoncer dans les terres, nous nous faufilons entre les deux et quatre roues sur la carretera LasTerrenas-Sanchez, dans l’espoir d’atteindre la fabuleuse cascade d’El Lemon. Mais notre mission est vite remise en question ! Les derniers torrents de la nuit ont bloqué le passage. On se console allègrement d’échanges avec la population et d’une dégustation du savoureux chocolat de la région. Saviez-vous d’ailleurs que le pays est le plus grand producteur de cacao biologique durable au monde ?
Partis pour la journée, nous ne pouvions rester sur la déconvenue causée par ces quelques gouttes de pluie ! Nous allions devoir user de stratégie pour accéder à notre but… En fait, pas du tout, car nous pensions tout simplement que les chutes d’eau n’étaient joignables qu’en ce seul point. Et au lieu de stratagèmes, nous avons trouvé sur la route, un autre accès !
Ambiance western tropical ! Pistes ruisselantes, cases traditionnelles en écorces de palmiers royaux, cavaliers authentiques…Nous entrons en plein cœur de la nature. Chaque pas nous plonge un peu plus dans le décor de Jurassic Park. Enveloppés par l’épaisse forêt luxuriante, je respire à grand poumon. Cyril filme tout se qu’il peut. On se sent aventuriers ! Avant que l’on traverse le rio sur les roches glissantes, nos chaussures s’enfoncent dans la boue. On grimpe, on s’enivre et rendus au plus haut, on s’émerveille d’El Limon, chutant de 40 mètres le long de la parois rocheuse, recouverte d’un fin tapis de mousse verte.
L’eau dégouline sur nos visages, nos vêtements sont trempés. Le déluge qui s’abat sur nous et notre scooter au retour, nous frigorifie. Il fait pourtant 22º…
Les journées se suivent sans jamais se ressembler, quel bonheur ! À une dizaine de milles de notre ancrage se trouve dans la péninsule, Los Haiteses, un lieu hautement convoité par les pirates de l’époque et évidement une incontournable escale pour notre Black Lion. Le mauvais temps aurait pu nous dissuader d’y aller. La réparation de notre guindeau aussi et encore plus notre faux départ, par ignorance bureaucratique ! Interdit de bouger avec son bateau, sans autorisation et obtention par l’armée, d’un Despacio ! Mais il en faut plus pour nous dérouter !
Les vallées ...
