#80 Navigation entre Lüderitz et Walvis Bay⛵️Quelque part dans le désert de Namibie 🇳🇦
27 février, le point de rosée est atteint ! Avec lui, Blacky est couvert d’une mouillure crasseuse, ce n’est pas tant la faute à l’humidité mais à ces fines particules de manganèse qui se répandent dans l’air ! Grande importatrice de ce minéral, la Namibie négoce au départ de Lüderitz près de soixante mille tonnes de cet alliage par mois, en grande partie pour la Chine et le cargo qui est arrivé il y a deux jours dans le port, ne cesse d’empoter, nuits et jours, ces scories pulvérulentes.
De notre point d’ancrage à Walvis Bay, environs 230 milles vont nous faire longer la côte du Kaokoland et donc par dépendance, une partie du désert du Namib. Si pour nous, avec tous nos instruments, l’expérience unique est excitante, il devait en être tout autrement pour les marins d’antan qui prient dans les courants et les forts brouillards partaient bien souvent au casse-pipe. Depuis cette époque, les épaves de navires qui parsèment l’inhospitalier littoral ont donné le nom de côte des squelettes à cette bande côtière. Nous nous apprêtons à la border !
Mon capitaine prend son temps, rien ne presse, nous n’avons que 32 milles à faire jusqu’à Hottentot. Des copains nous ont parlé de cette baie. Protégée, elle abrite quelques bateaux de pêcheurs de langoustes et sera une étape judicieuse pour éviter deux nuits de navigation.
Dans la pétole, les moteurs ronronnent, le froid me transit mais il y a de quoi détourner l’attention que je porte à mes pieds glacés ! Des petites têtes rondes et luisantes sortent à tour de rôle de leur brun habitât, curieuses, d’un air questionneur, nous observent et suivies de leur grassouillet corps, plongent et réapparaissent presque aussitôt comme pour s’assurer de ce qu’elles venaient de voir ! Quand ce ne sont pas les otaries qui viennent nous distraire, ce sont les cormorans, « fuseleurs » de ciel qui se plaisent à nous démontrer leur parfaite symbiose synchronique, puis viennent les dauphins, lagénorhynque à flancs blancs, par dizaine, ils s’amusent à captiver toutes nos pensées et enfin, les nuages se dissipent, le soleil perce, mes orteils se dégourdissent et la chaleur a raison de nos pulls ! Quelques puffins solitaires ondulent, de grosses méduses rouges dé-ternissent cette eau havane et là, juste là, au pied de notre mouillage, le plus vieux désert du monde nous grâce d’un paysage splendide.
Nous sommes le seul voilier ! Isolés de l’agitation mondial, nous avons l’impression de ne faire qu’un avec la nature. Belle, elle nous fascine, tous les jours encore plus ! Enclavé dans sa baie, Blacky pose. Il faut trouver le meilleur angle, celui qui va le mettre en valeur derrière la colonie d’otaries et c’est déjà la fin de journée avec ses jeux d’ombres et de lumières, qui, sur les désertes dunes prennent tous leurs sens !
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