Journée spi, gestion des poubelles à bord, Kevin est en train de partir Transpac Ép 4/?
#207✍️6 juin, 2º45.215 S ; 94º11.342 O. Vent : 14 nœuds sud-est, toujours sous grand-voile et foc, la différence ? Nous avançons maintenant au largue ! Dire que nous devrions être plein portant avec la longue houle comme dit si bien Brel, mais le Nino en a décidé autrement, alors nous nous adaptons aux caprices du plus grand océan. D’ailleurs, savez-vous de qui lui tient son nom ? Du portugais Ferdinand Magellan. Du moins c’est ce que racontent les livres d’histoire ! En le traversant, l’explorateur constata que cet océan était beaucoup plus calme que l’Atlantique, et donc le qualifia de Pacifique, en référence à son calme apparent.
7 juin, nous avons renommé nos nuits, quarts pipis ! Étrange me direz-vous ! Effectivement, il y a mieux comme appellation. Néanmoins, le terme vient du fait, qu’à partir de vingt heures, nous allons nous coucher sans la moindre culpabilité de laisser les commandes à notre bon Blacky, et jetons un coup d’œil dehors, uniquement lorsque nous nous levons pour aller faire pipi ! Évidement, tous nos appareils sont programmés à nous réveiller en cas de vent changeant, bateau en approche ou cible radar, comme ce matin, avec ces grains en formation. Mais malgré le son strident de nos alarmes, sachant mon capitaine ranimé de sa quiétude nocturne, je flémarde ! L’espiègle devait déjà préparer son coup depuis plusieurs jours. Il ne lui manquait plus qu’un élément. Celui qui, sans aucun doute, allait me sortir du lit illico ! Un exocet maladroit, ayant fini son vol plané sur le plancher ! La suite, je ne vous en fait pas un dessin, vous l’aurez deviné ! Dans le doute, imaginez bien que mon farceur a bien pris le soin de tout filmer !
Ça crachine ! Les cumulonimbus qui se sont agglutinés autour de nous, influencent le vent à être changeant jusqu’à ce qu’un 12 nœuds constant, balaie toute cette grisaille. C’est tellement plus agréable de naviguer sous ciel bleu.
Par 6 nœuds de vitesse, nous atteignons à 8 heures trente, heure de notre relevé journalier, le point : 3º4.754 S ; 96º18.650 O, soit 132,4 milles pour ces dernières 24 heures.
Ce beau temps nous inspire ! Musique à fond dans l’habitacle confortable de notre lion, pendant que sur des rythmes endiablés, devant ma machine à coudre, je me dandine sur mon tabouret, mon cinéaste s’essaie à des prises de vues inédites ! Le bleu profond de l’océan contraste avec celui plus clair du ciel. Les conditions s’améliorent de jour en jour. Des gerbes d’eau salées viennent faire scintiller les étraves de Black Lion. Nous sommes bien … La magnificence du couchant, nous délecte…
8 juin, la noctambule inspection de mon capitaine, lui a permis de déceler une anomalie ! Une casse au niveau d’un des chariots d’écoute de notre grand-voile. Heureusement, l’incident est arrivé dans peu de vent et une réparation de fortune à une heure du matin, fera l’affaire pour les milles restants.
128,9 milles au point : 3º30.228S ; 98º22.206 O, nous sommes là, en plein milieu de cette immensité de bleu ! Quoi de mieux que de naviguer sur ses galbes pour lui rendre hommage ! C’est sa journée, leur journée ! La journée mondiale des l’océans ! Faut-il que le monde soit devenu fou pour en être arrivé à devoir choisir un jour sur 365, afin d’essayer de sensibiliser à la survie du poumon de notre planète ! Mais a-t-on le choix quand on voit les ravages dont l’Homme est capable ! C’est pourtant du bon sens ! L’océan couvre 70% de notre planète. C’est notre source de vie, la subsistance de l’humanité entière et celle de tous les autres organismes sur terre. Nous lui en sommes tellement reconnaissants. Chaque jour qui passe, il nous porte au-delà de nos rêves, de nos espérances les plus folles. Il nous nourrit aussi, en nous offrant ce matin, un beau thon jaune. Si vétilles sur cette immensité, nous faisons que passer, humblement, sans vouloir déranger. Pour plus de discrétion, aujourd’hui, aiguillonné par la faible brise, notre fier navire s’est parait de son spi. Il progresse gentiment entre 5 et 6 nœuds, pas sans mal ! Pour compenser le souffle qui vacille du sud à l’est, son meneur est obligé de l’assister. Ils se comprennent. Quand l’un oscille, l’autre redresse. Pas besoin de mots, ils se ressentent, se complètes. Moi, je les laisse faire. Enthousiasmée à l’idée de continuer à faire vivre et voyager notre ancienne grand-voile, je m’attache à accomplir la tâche que je me suis assignée, réaliser mes cent sacs Black Lion durant cette traversée… Mais avec tout ça, nous en avons oublié Kevin ! Kevin va mal ! Il perd toutes ses feuilles. Un état d’urgence est déclaré ! Nous devons lui parler, le chouchouter, lui faire prendre le soleil…
9 juin, la suite en commentaire😉
