On traverse le Pacifique ensem [...]
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Owner: CATAMARAN BLACK LION

On traverse le Pacifique ensemble ! La saga commence ! 4000 milles environ 7 500 kilomètres. Ép 1/?

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Location: Îles Marquises
Latitude: -9.78000000
Longitude: -139.08000000
Published: 15 Jul 2023

#204 ✍️23 mai 2023, 8 heures, ça fait déjà bien trois fois que mon capitaine va aux toilettes ce matin ! Stimulation du système nerveux parasympathique ! On a beau avoir plusieurs milliers de milles à notre actif, cela ne change rien, les grands départs sont toujours mêlés d’excitation et d’appréhensions. Faut dire que ce n’est quand même pas anodin, nous partons pour près de 4000 milles ! Au bout, les Marquises, la Polynésie, pays de notre cœur.
​Un gris brumeux surplombe les immeubles de Panama city. La Brisas, la baie où Black Lion a séjourné pendant plus de trois semaines, ce matin, est statique, pas un souffle d’air. Les cormorans frôlent la surface de l’eau avec élégance ; de concert, formés en chevron, ils glissent vers une trajectoire parfaite.
Les deux bateaux copains ont pris la même fenêtre météo que nous, ils devraient lever l’ancre d’ici peu. La nôtre est déjà sur son davier, sa chaine bien callée dans sa baille à mouillage. La prochaine fois qu’elle retiendra Blacky, ça sera à Fatu-Hiva, dans la baie d’Hanavave. L’odeur des fleurs de tiarés m’enivre déjà !
​Notre nouvelle grand-voile est hissée, elle aurait pu espérer mieux pour une première. Elle va devoir se contenter de prendre juste l’air et de passer sa période de rodage avec douceur, accompagnée par nos moteurs. Nous ne pouvons y échapper ! Avant d’atteindre les alizées, nous allons devoir traverser une zone de pétole que seuls nos propulseurs pourront contrer.
​Nous avons traversé le secteur de mouillage des cargos. 9 :55, nous passons à l’est de l’ile de Taboga, 13 :00 au sud-est de Otoque. Une légère brise se lève, juste ce qu’il nous faut pour envoyer le code 0. Du nord-est 8-10 nœuds, parfait pour tenir le cap 180º entre 5 et 6 nœuds ! Le ciel se dégage. Sur le miroitant de la mer, les troncs d’arbre se voient de loin. Voilà une bonne raison pour partir tôt le matin. Vite s’éloigner de la terre pour pouvoir éviter le maximum d’obstacle avant la nuit. Pour les pécheurs, nous espérons ne pas trop en croiser.
​Notre plaisir d’être sous voile est de courte durée, une heure seulement ! Mais relayé par un festival de dauphins, notre déconvenue n’en n’est plus une.
​24 mai, les 133 milles de ces premières 24 heures nous positionnent à 7º2'316 nord ;80º18'297 ouest. Mon capitaine a pu stopper les machines à 5 heures ce matin, 20 heures qu’elles tournaient en alternance. La trêve acoustique, même infime soit elle, est appréciable, dotant que nous ne pensions pas l’avoir ici.
Avec la houle berceuse et le ronronnement des turbines qui a repris, la tension du départ redescend, mon Tchoupi se relâche, il dort à poings fermés, enfin surtout à bouche ouverte ! Dommage qu’il n’y ait pas un poisson volant dans le coin, je me serais bien vengée de quelques-uns de ses coups taquins ! Il fait chaud, très chaud, le ciel est bas, un premier grain arrive, dernière terre à vue !
​25 mai, cap 194, vent : 2 nœuds, position : 5º55'657 N ; 81º22'530 O, 108 milles de plus au compteur. La pluie d’hier a rafraichi l’air, la nuit a été sans encombre. Ce matin, l’horizon est bouché à plusieurs endroits, mais c’est rassurant, ici, les averses n’apportent pas de coup de vents violents comme aux Antilles. Ce qui n’empêche qu’il faut rester vigilent ! À quelques milles de nous, se forme, une trombe d’eau !
​Les moteurs sont en pause depuis 11 heures, presque trois heures. L’horizon se charge, s’épaissit d’énormes nuages sombres. Un monstre semble se former au-dessus de nos têtes. Si nous n’avions pas conscience des effets que peut provoquer un tel phénomène, nous resterions en contemplation, seulement voilà ! L’ayant que trop vécu, nous préférons anticiper et tout remballer : Code 0, grand-voile prise de 3 ris, foc de deux tours et moteur, puisque le grain absorbe, à ses alentours, tout l’air. Ensuite, le rituel est souvent le même, progressivement, le vent monte. On y va crescendo, jusqu’à 26 nœuds. Puis, la houle se lève un peu, la pluie arrive et enfin, les éléments se tassent. Un fou à pieds rouges vient prendre repos à bord…


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