Un océan à traverser avec les [...]
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Owner: CATAMARAN BLACK LION

Un océan à traverser avec les moyens du bord, Pas de bande d’arrêt d’urgence .Transpac Ép. 2/?

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Location: Polynésie française
Latitude: -17.68000000
Longitude: -149.41000000
Published: 22 Jul 2023

#205 ✍️ 26 mai, 106 milles, cap 230º, vent 6,9 nœuds, position : 04º58'422 N ; 082º06'061 O. Le ciel reste couvert. Le fou d’hier nous a repeint le pont avant de Blacky ! Nous continuons d’avancer au moteur, plus que deux jours et demi d’autonomie. Le vent à tendance sud-ouest n’avantage pas notre marche et le courant n’a pas l’intention de nous faciliter la tâche ! Mon capitaine, s’il en avait un peu plus, s’arracherait les cheveux ! N’ayant d’autres choix que celui de nous accommoder et de combiner avec les variations, j’ai trouvé un moyen pour le détendre à mon Tchoupi ! Je l’initie à un atelier créatif de fabrication de rhums arrangés ! Et autant vous dire que pour le coup, pas besoin de le supplier pour filmer les recettes ! Nous lançons la macération de six élixirs aux gouts sucrées et fruités et quoi de mieux pour les faire vieillir, que de les exposer, bien ligotés, bouteilles aux embruns, à la proue de Black Lion ! Très certainement, attirés par la singulière scène, nos amis les dauphins viendrons clore ce quatrième jour de navigation…
27 mai, on régresse, 99,8 milles en 24 heures (3º37.955’ N ; 82º10.600’ O). Ce matin, nous pointons au 144º avec un vent Sud-Ouest de 6 nœuds sous foc et grand-voile. Mauvaise nouvelle au réveille ! Mon capitaine vient de s’apercevoir que notre foc est déchiré légèrement sur 10 centimètres ! MacTchoupi va devoir dégainer colle et scotch pour réparer. Le raccommodage devrait tenir, du moins, nous voulons y croire !
​Cette météo exaspère mon routeur qui s’évertue à vouloir la comprendre. Malheureusement, il faut se rendre à l’évidence, El Nino risque fort de nous mettre à l’épreuve, comme il a mis à l’épreuve des centaines de marins avant nous. Si mes recherches sont exactes, des pêcheurs péruviens du 19e siècle seraient à l’origine de son nom. Ils auraient remarqué une augmentation de degrés de l’eau et du courant de Humboldt, le 24 décembre, jour de Noël. Désignant ainsi, l’événement « El Nino », l’enfant en espagnol, pour commémorer la naissance du Christ. Depuis, ce phénomène climatique est étudié, et l’on sait que la hausse de la température de l’eau n’est pas le seul aspect de cette activité naturelle. Il est également caractérisé par une modification des courants océaniques, ce qui a des répercussions sur le climat à l’échelle mondiale. Lors de ce bouleversement, dans le Pacifique, les vents sont incertains. Ceux d’Est qui, à l’habitude, permettent une progression fluide vers l’ouest, deviennent moins faibles. Et il faut alors jouer avec les courants et les vents anormalement changeants. Tous ces aspects rendent notre début de traversée un peu hésitante et surtout imprécise sur notre cap, qui, si nous nous en remettons à l’inclinaison que veut prendre Blacky, nous amène en direction de l’Équateur. Après tout, pourquoi pas ! Rien ne nous presse et puis, pourquoi aller contre les éléments !
​Malgré le manque de fiabilités des prévisions, mon capitaine essai tant bien que mal d’analyser les systèmes qu’il télécharge jusqu’à 4 fois par jour. Pas un souci avec Starlink. D’ailleurs, quel confort ! Nous avons internet depuis le départ en ayant gardé notre abonnement d’origine, renommé par le fournisseur ‘Mobile régional’ et en ayant activé l’onglet à 1,99 euros du giga. Jusqu’à présent, tout fonctionne parfaitement, hormis lorsque la couverture nuageuse est dense comme cet après-midi. On a l’impression d’être dans un paysage monochrome. Le ciel bas vient s’écraser sur l’océan presque immobile. Dessus, des fous par dizaine, de leur corps au repos, le tachètent de blanc. Puis, le grain arrive, 10-15-20 nœuds, la pluie est là. Une légère éclaircie s’entrevoie, et la journée s’étire sous d’énormes volutes, colorées d’oranger.
​28 mai, cinquième journée, 85 milles, j’avoue, ce n’est pas fantastique ! En revanche, ce qu’il est, c’est que ces 85 milles ont été fait en intégralité à la voile, ce qui nous positionne ce matin à 2º41.530’ N ; 81º44.955’ O dans 5,7 nœuds de vent, sur le cap 238º.
​La nuit a été éprouvante ! Imaginez-vous en plein milieu de la grande bleue, seul, votre mat érigé vers le ciel et tout autour, des éclairs ! Ben là, je peux vous dire, que même si vous êtes athées, vous vous surprendrez à croire en une protection divine ! Les festivités ont débuté à deux heures du matin. Vent, orages, grosse averse mais le plus impressionnant, c’est la foudre, ses lumières vives et le bruit du tonnerre. Thor nous a épargné ! Les cuves à eau sont pleines, il est tellement tombé que même nos hublots vont s’en souvenir ! Pourquoi donc n’avons-nous pas sur les bateaux, des systèmes de joints aussi fiables que sur des voitures et les avions ? Pourquoi faut-il que nous ayons des fuites ? Et ces boulons qui continuent de se déboulonner sur black Lion !…


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