Cette vidéo va faire couler beaucoup « d’ancre »⚓️✍️On nage avec une baleine, des raies et requins
#226 ✍️Je me rappelle nos débuts en bateau. Aveuglée par l’insouciance, le manque d’expérience et le désir de tout voir, je n’avais pas de difficulté à laisser notre bateau au mouillage sans surveillance pour une descente à terre. Mon capitaine, lui, était plus retenu dans ses ardeurs ! Conscient de tous les dangers : un dérapage, une collision avec un autre bateau, un vol …, il restait comme lié en permanence avec son complice de voyage, préoccupé à chaque incartade à terre ! Grâce à sa prudence, il a pris confiance et peu à peu l’apanage de ma jeunesse a laissé place à un peu plus de maturité, ou plutôt de modération. Depuis, notre équilibre est sensibilisé par nos intuitions et si nous ne pressentons rien de bon, nous n’allons pas à l’encontre de ce que nos sens nous font savoir. Et pour l’heure, il était évident que nous devions changer de place. La nouvelle, entre le récif et le tombant est un peu plus rassurante mais nous avons la conviction que nous devons remplacer notre ancre !
Chose faite ! Black Lion est maintenant équipé d’une Spad montée sur un nouvel émérillon. Heureux de ce nouvel achat, nous avons appris à nos dépends, en partageant innocemment et sans but à polémique sur nos réseaux sociaux que le sujet est aussi sensible que celui des batteries à bord ou encore celui qui divise les pros monos des pros catas ! Comme quoi une ancre peut faire couler beaucoup d’encre !
Tranquillisés sur la tenue des griffes de notre bon lion, nous allons pouvoir nous autoriser plus sereinement nos sorties dans le sillage de nos années polynésiennes. C’était en 2001, à l’époque nous vivions à Moorea. Cyril travaillait à la construction de potis mararas pour un chantier naval et moi, le responsable du marché de Papeete, m’avait autorisé à installer mon petit stand pour vendre des pendentifs sur lesquels j’écrivais le prénom sur un grain de riz. Nous gardons de merveilleux souvenirs de cette période. Depuis, la Polynésie est restée notre terre d’adoption et Moorea notre île de cœur. Ces îles sont envoutantes comme le premier collier de fleurs que l’on reçoit à son arrivée. Il symbolise l’hospitalité et la bienvenue chaleureuse. Exactement ce qu’il nous fallait pour accueillir Christelle et Thomas qui viennent nous rejoindre pour partager un moment de vie avec nous.
Au bateau s’associe bien souvent le mal de mer ! Redouté, il en déroute plus d’un. Il pousse à l’écœurement, ou au surpassement de soi. Pour ne pas succomber à cette « malédiction », Christelle a mis toutes les chances de son côté, des remèdes miracles aux médicaments, des lunettes spéciales à l’hypnose, de la kiné aux patchs… Conclusion : les thérapies sont nombreuses, mais la solution tient surtout dans l’acceptation de cette réalité maritime.
Après un incroyable périple depuis l’Antarctique, les baleines à bosse viennent se reproduire et donner naissance à leurs baleineaux dans les eaux qui bordent les îles de la Société, les Australes et les Tuamotu entre juillet et novembre. Ces grandes migratrices ont tout compris ! C’est dans la douceur rassurante de cet havre de paix qu’elles ont choisi de voir grandir pendant les cinq premiers mois de leur vie, leurs petits. La rencontre avec ces ambassadrices du royaume des océans est un moment unique. Devant ces géantes, la sensation est troublante ! Prudemment, respectueusement, mon capitaine ralentit ! Elles sont tout près de nous. Une maman et son petit. Depuis la jupe de Blacky, je me glisse peu rassurée dans l’eau. C’était mon Tchoupi ou moi et honnêtement, je ne me voyais pas aux commandes et lui sous l’eau ! Thomas est autant galvanisé que moi à l’idée de les approcher ! Black Lion reste à bonne distance. Sous nous, plus de 500 mètres d’eau d’un bleu profond. C’est impressionnant ! Il ne faut pas penser, rester focalisé sur ce pour quoi nous nous surpassons ! Une ombre, une silhouette, un colosse surprenant de grâce s’avance vers nous ! Il nous a vu. Il n’est plus qu’à quelques mètres, d’un coup de ses nageoires pectorales blanches, s’approche encore. Il est si près maintenant que je peux détailler les petites protubérances sur sa tête et son œil ! Son œil ! Fantastique d’émotion…
Moorea sait recevoir ses hôtes ! Les yeux encore en émoi, nous prenons la passe de Haapiti pour entrer dans le lagon de cette merveilleuse île papillon. Sa photogénie est d’une élégance étonnante.
246 ans nous séparent de l’arrivée de James Cook dans la baie qui porte son nom. Devant nous, la vallée de Poapao, au loin, le mont Rotui et derrière la baie d’Opunohu. Au 18ème siècle les récits des voyageurs contribuaient à forger l’idée d’un paradis terrestre où la nature pourvoyait à tous les besoins, et où les femmes et les hommes n’avaient qu’à se laisser vivre dans l’indolence et le bonheur. Cook écrivait dans son journal : « Je ne crois pas qu’il y ait sous le soleil, de peuples plus heureux et qui auraient autant de raisons de l’être, que ceux qui habitent ces îles. »
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