On se nourrit de notre pêche, on répare le dessalinisateur avec les moyens du bord, BAHAMAS 🇧🇸
#147 Bahamas, de Great Inagua à Crooked Island
Je crois que l’effet eau turquoise a autant de magnétisme sur nous, qu’un aimant sur du fer, mais quand Blacky réclame un peu d’attention, les polarités ont beau s’attirer, c’est lui qui passe en priorité. Son accoutumance à l’auto-dévissage a encore frappé ! Des boulons ont besoin d’être resserrés !
En silence, nos kayaks nous font longer la côte, nous font côtoyer sans bruit la nature accomplie. Les pattes d’un héron cendré s’enfouissent dans le sable beige. Il est en éveil. Les fretins vont lui servir de repas. L’aigle pêcheur, lui, voit plus gros. Le poisson qu’il vient de capturer entre ses griffes est aussi corpulent que son propre corps. C’est le cycle de la vie. Nous aussi, nous pêchons pour nous nourrir. Notre filet est empli de langoustes et avec les trois jours de fort vent qui s’annoncent, nous allons pouvoir en profiter pour garnir notre vivier. Le tout, sera après, de s’ingénier à élaborer de nouvelles recettes pour multiplier les plaisirs ! Notre satisfaction est totale, c’est tout ce que nous souhaitions, nous autosuffire de nos réserves et de nos pêches. Alors, on s’essaie à de nouvelles techniques, l’appâtage de crevettes par exemple, qui n’a pas grand succès ! Qu’importe, nous nous sentons privilégiés et encore plus quand cet ambassadeur vient surgir devant les yeux stupéfaits de Cyril. C’est l’apothéose du contentement. Ce n’est pas la première fois que l’on voit des dauphins, mais là, la magie a opéré sous l’eau ! Il en rêvait depuis son plus jeune âge, nager avec un de ces mammifères fascinants. Malgré la furtivité de la rencontre, les yeux de mon amour, pétillent ! Gagné par l’émotion de cette surprise, il en tremble encore…
À l’isolement et l’indépendance, il faut savoir faire face aux imprévus. Savoir se débrouiller, réparer et se soigner. Pour la fuite de notre dessal, le Sika fait l’affaire, antidouleur pour le dos de mon capitaine et Fussidine pour son pied infecté. Les autres obstacles, sont réglés avec autant de discernement que possible. Pour notre chaine emmaillotée autour d’une patate, la stratégie est de la dégager en manœuvrant Blacky dans le sens inverse de son ligotage et sa fonctionne plutôt bien.
La houle n’est pas tendre ! De travers, par 20 nœuds de vent, c’est à la limite de la répugnance gastrique, mais le jeu semble en valoir chandelle ! Nous visons Hogsty Reef, inhabité. Le plus grand atoll corallien de l’Océan Atlantique. Deux petits bancs de sable le composent et entre, une lagune, qui par temps calme doit être de toute quiétude. Enfin, du moins, c’est comme cela que je me l’imagine, car à l’évidence, la météo ne va pas aller dans ce sens et nous allons devoir subir les roulis. Que l’on s’entende bien, ce n’est pas une plainte, juste une constatation qui me fait sourire à la mauvaise foi de ma moitié ! Lui, qui à l’habitude privilégie les mouillages sans brassage, avec un appoint déconcertant, par pure appétence, se plait à nous persuader que notre abri sera fort convenable ! D’un autre côté, l’idée ne me déplais pas, j’aime l’audace du voyage et l’incongru de la situation. Sans compter les deux épaves qui marquent le récif, combien de voyageurs sont passés par là ? Les visiteurs sont si peu fréquents que je vais avoir du mal à trouver la cause de la mort de tous ses oiseaux sur l’ilot ! L’insolite à tout de même ses limites, une nuit nous suffira !
Toutes voiles dehors par 17 nœuds, notre lion trace à 10, trois quarts-arrière en direction d’Acklin, notre abri pour la nuit. Ce merveilleux rempart contre la houle de l’Atlantique, va nous permettre de poursuivre vers Crooked, son île voisine, sur une mer d’un calme exemplaire. Excités par les 8 nœuds de nos leurres, deux mahi-mahi viennent compléter la diversité de nos repas.
Prudemment, en suivant les balises, Black Lion arrive à sa destination ….
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